Mariés par le soleil...
Le souvenir que j'aimerais emporter avec moi c'est celui de mes pieds dans le sable, qui dansent.
Mes mains autour de tes épaules.
Mon nez dans ton cou.
Cet endroit que j'aime tant.
La plage qui nous borde.
Je crois que ce jour là, nous avons été mariés par le soleil.
Il nous a regardé danser, et il est allé se coucher.
Maison de vacances, été, palmiers et lauriers roses. Plancha qui fait sa sieste et bouées abandonnées au calme des heures creuses. Pompes de la piscine qui ronronnent. Serviettes qui attendent de sécher sur les transat.
Les hommes s'étaient absentés quelques heures en envoyant un précieux message codé aux femmes de la maison "soyez prêtes pour 19 heures"
Un pique-nique sur la plage s'annonçait sans qu'on le sache.
Nous les filles, assises à l'arrière de la C3, on s'était laissées guider, en robes. On avait passé une heure à "se faire belle" dans la salle de bain en ricanant, à se poser du rouge sans déborder, comme quand on avait 7 ans et qu'on s'entraînait avec les copines. Sauf qu'on a trente ans maintenant. On déambule en serviette humide dans le couloir, ça piaffe, ça se prête du mascara. On se coiffe, on s'aide. On se pince les miches, on se regarde le haut de la cuisse en se disant qu'on a abusé pendant les vacances. Bref, on est des adolescentes qui s'apprêtent à sortir. Il faut être au max de ce qu'on est. On ne sait jamais.
On se retrouve une heure après en talons hauts dans le sable. Fou-rire général.
L'allée est bordée de picots en bois, la plage sauvage est loin, il faut marcher. Le temps pour nous de contempler les montagnes qui se couchent dans l'eau, le ciel qui hésite entre le rose et le bleu, les cabanes de pêcheurs qui se vident, les plagistes qui remontent de leur dure journée, ivres de soleil.
L'heure délicieuse où l'on ne partage plus la plage, où l'on peut avoir tout pour soi. L'immensité des décors. Le chh-chh des vagues.
Table, posée bancalement, nappe qui s'envole. Meilleurs amis qui chatouillent le sable de leurs orteils, assis sagement en rond.
Réunion parfaite pour mon coeur. Instant merveilleux qui s'échappe déjà et dont je n'ai pas conscience.
On boit, on chante, on se marre. La musique en fond. On se fait des tartines, de la tapenade plein les doigts, du vin plein le verre. On fait des discours, on se dit qu'on s'aime. Je prends mon petit frère dans mes bras. Je suis fière qu'il soit là. Pour fêter ma trentaine, et pour m'accompagner dans mes souvenirs.
On va devoir dans quelques mois laisser notre maison de famille, quitter cette région. Abandonner nos repères et laisser la mer aux autres. C'est difficile pour moi, et il est toujours là. Comme une béquille de secours. Comme un filet qu'on avait pas vu. Il me réceptionne à chaque chute.
Je suis entourée des deux hommes qui comptent le plus pour moi. Mon frère. Et toi.
La musique change, se calme. Puis je prends ta main. Puis je te prends tout entier en fait. Dans mes bras, dans mon coeur, dans mon ventre. Je t'enlace,debout, avec l'habitude des couples bien heureux, qui touchent l'autre avec tant de familiarité qu'ils oublient que tout peut disparaître.
Avec le temps, les habitudes, on oublie. L'autre est un compagnon de douceur, de tendresse. Un membre de sa famille presque.
On se met à danser face à la mer...
Si j'avais su ce jour, que plus jamais. Si j'avais su ce jour. Que plus jamais.
J'aurais respiré chaque centimètre de ta peau pour la garder comme maison. Pour me rappeler toujours.
Pour me donner du courage, pour braver les tempêtes du couple et du quotidien. Des conflits nuls qui font mal pour rien. Je me serais excusée par avance, pour ma bêtise et ma violence. Pour mes souffles courts et mes silences.
Je t'aurais chuchoté à l'oreille pour te rassurer.
Pour te dire à quel point ce sera difficile de me pardonner.
Ce n'était rien. Juste toi et ma robe noire dans le vent du soir, une mauvaise chanson de Norah Jones et des amis pour public.
Mais c'était tout.
Avoir l'amour au coeur, être nichés au creux du monde avec des personnes précieuses.
Dire adieu à ce lieu qui allait bientôt me quitter, après trente années à me bercer dans ses bras.
On dit que la mélancolie c'est la tristesse de se rappeler de moments joyeux. Cela prend tout son sens ici.
Si je devais garder un souvenir ce serait celui-ci. Pour me rappeler que rien n'est acquis.
Mes mains autour de tes épaules.
Mon nez dans ton cou.
Cet endroit que j'aime tant.
La plage qui nous borde.
Je crois que ce jour là, nous avons été mariés par le soleil.
Il nous a regardé danser, et il est allé se coucher.
Maison de vacances, été, palmiers et lauriers roses. Plancha qui fait sa sieste et bouées abandonnées au calme des heures creuses. Pompes de la piscine qui ronronnent. Serviettes qui attendent de sécher sur les transat.
Les hommes s'étaient absentés quelques heures en envoyant un précieux message codé aux femmes de la maison "soyez prêtes pour 19 heures"
Un pique-nique sur la plage s'annonçait sans qu'on le sache.
Nous les filles, assises à l'arrière de la C3, on s'était laissées guider, en robes. On avait passé une heure à "se faire belle" dans la salle de bain en ricanant, à se poser du rouge sans déborder, comme quand on avait 7 ans et qu'on s'entraînait avec les copines. Sauf qu'on a trente ans maintenant. On déambule en serviette humide dans le couloir, ça piaffe, ça se prête du mascara. On se coiffe, on s'aide. On se pince les miches, on se regarde le haut de la cuisse en se disant qu'on a abusé pendant les vacances. Bref, on est des adolescentes qui s'apprêtent à sortir. Il faut être au max de ce qu'on est. On ne sait jamais.
On se retrouve une heure après en talons hauts dans le sable. Fou-rire général.
L'allée est bordée de picots en bois, la plage sauvage est loin, il faut marcher. Le temps pour nous de contempler les montagnes qui se couchent dans l'eau, le ciel qui hésite entre le rose et le bleu, les cabanes de pêcheurs qui se vident, les plagistes qui remontent de leur dure journée, ivres de soleil.
L'heure délicieuse où l'on ne partage plus la plage, où l'on peut avoir tout pour soi. L'immensité des décors. Le chh-chh des vagues.
Table, posée bancalement, nappe qui s'envole. Meilleurs amis qui chatouillent le sable de leurs orteils, assis sagement en rond.
Réunion parfaite pour mon coeur. Instant merveilleux qui s'échappe déjà et dont je n'ai pas conscience.
On boit, on chante, on se marre. La musique en fond. On se fait des tartines, de la tapenade plein les doigts, du vin plein le verre. On fait des discours, on se dit qu'on s'aime. Je prends mon petit frère dans mes bras. Je suis fière qu'il soit là. Pour fêter ma trentaine, et pour m'accompagner dans mes souvenirs.
On va devoir dans quelques mois laisser notre maison de famille, quitter cette région. Abandonner nos repères et laisser la mer aux autres. C'est difficile pour moi, et il est toujours là. Comme une béquille de secours. Comme un filet qu'on avait pas vu. Il me réceptionne à chaque chute.
Je suis entourée des deux hommes qui comptent le plus pour moi. Mon frère. Et toi.
La musique change, se calme. Puis je prends ta main. Puis je te prends tout entier en fait. Dans mes bras, dans mon coeur, dans mon ventre. Je t'enlace,debout, avec l'habitude des couples bien heureux, qui touchent l'autre avec tant de familiarité qu'ils oublient que tout peut disparaître.
Avec le temps, les habitudes, on oublie. L'autre est un compagnon de douceur, de tendresse. Un membre de sa famille presque.
On se met à danser face à la mer...
Si j'avais su ce jour, que plus jamais. Si j'avais su ce jour. Que plus jamais.
J'aurais respiré chaque centimètre de ta peau pour la garder comme maison. Pour me rappeler toujours.
Pour me donner du courage, pour braver les tempêtes du couple et du quotidien. Des conflits nuls qui font mal pour rien. Je me serais excusée par avance, pour ma bêtise et ma violence. Pour mes souffles courts et mes silences.
Je t'aurais chuchoté à l'oreille pour te rassurer.
Pour te dire à quel point ce sera difficile de me pardonner.
Ce n'était rien. Juste toi et ma robe noire dans le vent du soir, une mauvaise chanson de Norah Jones et des amis pour public.
Mais c'était tout.
Avoir l'amour au coeur, être nichés au creux du monde avec des personnes précieuses.
Dire adieu à ce lieu qui allait bientôt me quitter, après trente années à me bercer dans ses bras.
On dit que la mélancolie c'est la tristesse de se rappeler de moments joyeux. Cela prend tout son sens ici.
Si je devais garder un souvenir ce serait celui-ci. Pour me rappeler que rien n'est acquis.
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