Ikea
C'est fou comme l'on peut s'habituer à deux visages, deux pour une seule personne. Avoir un être instable près de soi devient une certaine stabilité parfois.
J'ai peur des personnes stables, toujours au poil avec leurs humeurs, qui sont réguliers, réglés. J'ai une trouille monstre du calme, de la constance. Pour moi ça cache toujours autre chose, alors j'attends, en apnée que l'orage gronde, que j'en prenne plein la gueule.
Mais non, certaines personnes sont justes apaisées, sereines. Et il va falloir composer avec. Très bien.
Pas de vomi verbal à digérer, pas de baffes dans la tronche, pas de secousses, pas d'adrénaline.
On ne peut pas s'imaginer comme une pub ikea peut faire flipper. Donnez moi des murs blancs, des tapis crème, une belle bibliothèque et un chat qui ronronne sur un canapé anthracite pour que j'ai envie de mourir. Je ne peux pas vivre dans une pub, avec ce joli sourire affiché de demoiselle bien dans sa vie qui lit un livre de psycho au coin du feu.
Je ne peux pas faire des gestes lents et avoir une jolie peau soyeuse sur un papier peint rose dragées.
Je trouve ça beau, je trouve ça zen, je trouve ça charmant et confortable. Pourtant ça me glaçe le sang. C'est un peu ma représentation du paradis, de la mort. Voilà, aller au ciel ce doit être ça, une putain de pub ikea.
Il m'arrive de ne pas résister et d'aller dans des boutiques de déco. Et il y a toujours cet étrange phénomène qui opère : angoisse totale. La profusion d'objets tous plus esthétiques les un que les autres provoque une énorme frustration. Cette frustration se transforme en angoisse. Pourquoi je désire ces objets ? Quel est le réconfort qu'ils m'apportent ? Pourquoi ai- je ce besoin d'amasser du matériel, de faire mon nid, encore et encore ? Pourquoi vivre dans une maison de poupée semble apaiser, sécuriser ?
Il doit être deux heures du mat je pense. A l'époque j'ai 16 ans. Peut être moins. Je viens de fêter l'anniversaire de ma meilleure amie en ville, chouette soirée.
Mes parents et mon petit frère passent me prendre en voiture sur un parking du centre ville. Il faut 30 minutes de rocade pour rentrer chez nous, un peu loin, à la campagne.
Je monte dans la voiture, je rabat la portière sur moi, et rien qu'au bruit du souffle de ma mère au volant, je sais que c'est la merde.
Je regarde mon frère, il baisse le menton. On se comprend. Il va valoir être calmes et réactifs à la fois.le danger est avec nous.
Il pleuvait des cordes. Des sceaux. Et ce soir là, à 120 km/h, sur une rocade sombre, ma mère décide d'éteindre les phares de la voiture.
On joue, on joue à la roulette Russe, à ressentir comme la vie est précieuse sans doute.
Elle alternera la vitesse et l'arrêt, sur la route, sans phares, pour finir par nous faire descendre sous la pluie, sur la bande d'arrêt d'urgence.
Puis, elle fera marche arrière, à contre- sens pour venir nous chercher. En riant. En pleurant.avec la colère dans la gorge.
Ces personnes là n'ont pas besoin d'étincelles pour s'embraser croyez-moi.
Une amie m'expliquait que durant son enfance, à la façon dont son père tournait la poignée de la porte, de l'autre côté de la pièce, elle savait ce qui allait suivre...
Si il allait être violent ou tendre. Rien qu'au son, au geste deviné, à la vitesse de rotation de la poignée.
Je prends le train dimanche. 50 minutes direction Orléans. Je me place en cabine de 6. Un jeune homme est près de la fenêtre. Une vieille dame s'installe sur ma droite.
Enfin, un homme d'une quarantaine d'années entre.
Ça y est, je le sens. C'est la merde. Ne pas lever le nez de son livre, ne pas sourire, ne rien exprimer,surtout.
Il fait des bruits avec sa bouche, se recale dans son siège et chacun de ses gestes est comme destiné à être remarqué. Personne ne remarque. Je fais l'intello coincée, concentrée sur son livre. Il é change quelques mots avec la vieille dame, il dit des choses insensées et elle acquiesce par politesse.
Je ne peux pas rester, cet individu me dérange. Mon radart à cinglés m'explose les tympans là, je dois sortir.
Je quitte la cabine, change de wagon.
Calme, lecture,paysage.
Je sors du train, gare d'arrivée. Sur le quai, la police. Étrange. Je réalise tout à coup.
Je pose des questions, la vieille dame est là, avec son sac sur le quai, et son petit fils qui est venu la chercher. Elle m'explique que le type de notre cabine a sauté au cou de trois jeunes dans la cabine d'à côté, sans raison. Il a frappé tous ceux présents dans cette cabine, fille incluses. Comme ça. Roulette russe.
Je ne peux pas passer un chiffon immaculé sur une étagère blanche. Je ne peux pas avoir la sérénité d'une Lady en jupe fuseau.
Je n'aurai pas de murs blancs ni de nappes brodées en coton ivoire, sur lesquelles reposeront de jolies assiettes dentelées.
Ma vie ne ressemblera pas à un film. Pas de teintes pastel ni de lumière matinale par la fenêtre.
Ne me demandez pas pourquoi.
J'ai peur des personnes stables, toujours au poil avec leurs humeurs, qui sont réguliers, réglés. J'ai une trouille monstre du calme, de la constance. Pour moi ça cache toujours autre chose, alors j'attends, en apnée que l'orage gronde, que j'en prenne plein la gueule.
Mais non, certaines personnes sont justes apaisées, sereines. Et il va falloir composer avec. Très bien.
Pas de vomi verbal à digérer, pas de baffes dans la tronche, pas de secousses, pas d'adrénaline.
On ne peut pas s'imaginer comme une pub ikea peut faire flipper. Donnez moi des murs blancs, des tapis crème, une belle bibliothèque et un chat qui ronronne sur un canapé anthracite pour que j'ai envie de mourir. Je ne peux pas vivre dans une pub, avec ce joli sourire affiché de demoiselle bien dans sa vie qui lit un livre de psycho au coin du feu.
Je ne peux pas faire des gestes lents et avoir une jolie peau soyeuse sur un papier peint rose dragées.
Je trouve ça beau, je trouve ça zen, je trouve ça charmant et confortable. Pourtant ça me glaçe le sang. C'est un peu ma représentation du paradis, de la mort. Voilà, aller au ciel ce doit être ça, une putain de pub ikea.
Il m'arrive de ne pas résister et d'aller dans des boutiques de déco. Et il y a toujours cet étrange phénomène qui opère : angoisse totale. La profusion d'objets tous plus esthétiques les un que les autres provoque une énorme frustration. Cette frustration se transforme en angoisse. Pourquoi je désire ces objets ? Quel est le réconfort qu'ils m'apportent ? Pourquoi ai- je ce besoin d'amasser du matériel, de faire mon nid, encore et encore ? Pourquoi vivre dans une maison de poupée semble apaiser, sécuriser ?
Il doit être deux heures du mat je pense. A l'époque j'ai 16 ans. Peut être moins. Je viens de fêter l'anniversaire de ma meilleure amie en ville, chouette soirée.
Mes parents et mon petit frère passent me prendre en voiture sur un parking du centre ville. Il faut 30 minutes de rocade pour rentrer chez nous, un peu loin, à la campagne.
Je monte dans la voiture, je rabat la portière sur moi, et rien qu'au bruit du souffle de ma mère au volant, je sais que c'est la merde.
Je regarde mon frère, il baisse le menton. On se comprend. Il va valoir être calmes et réactifs à la fois.le danger est avec nous.
Il pleuvait des cordes. Des sceaux. Et ce soir là, à 120 km/h, sur une rocade sombre, ma mère décide d'éteindre les phares de la voiture.
On joue, on joue à la roulette Russe, à ressentir comme la vie est précieuse sans doute.
Elle alternera la vitesse et l'arrêt, sur la route, sans phares, pour finir par nous faire descendre sous la pluie, sur la bande d'arrêt d'urgence.
Puis, elle fera marche arrière, à contre- sens pour venir nous chercher. En riant. En pleurant.avec la colère dans la gorge.
Ces personnes là n'ont pas besoin d'étincelles pour s'embraser croyez-moi.
Une amie m'expliquait que durant son enfance, à la façon dont son père tournait la poignée de la porte, de l'autre côté de la pièce, elle savait ce qui allait suivre...
Si il allait être violent ou tendre. Rien qu'au son, au geste deviné, à la vitesse de rotation de la poignée.
Je prends le train dimanche. 50 minutes direction Orléans. Je me place en cabine de 6. Un jeune homme est près de la fenêtre. Une vieille dame s'installe sur ma droite.
Enfin, un homme d'une quarantaine d'années entre.
Ça y est, je le sens. C'est la merde. Ne pas lever le nez de son livre, ne pas sourire, ne rien exprimer,surtout.
Il fait des bruits avec sa bouche, se recale dans son siège et chacun de ses gestes est comme destiné à être remarqué. Personne ne remarque. Je fais l'intello coincée, concentrée sur son livre. Il é change quelques mots avec la vieille dame, il dit des choses insensées et elle acquiesce par politesse.
Je ne peux pas rester, cet individu me dérange. Mon radart à cinglés m'explose les tympans là, je dois sortir.
Je quitte la cabine, change de wagon.
Calme, lecture,paysage.
Je sors du train, gare d'arrivée. Sur le quai, la police. Étrange. Je réalise tout à coup.
Je pose des questions, la vieille dame est là, avec son sac sur le quai, et son petit fils qui est venu la chercher. Elle m'explique que le type de notre cabine a sauté au cou de trois jeunes dans la cabine d'à côté, sans raison. Il a frappé tous ceux présents dans cette cabine, fille incluses. Comme ça. Roulette russe.
Je ne peux pas passer un chiffon immaculé sur une étagère blanche. Je ne peux pas avoir la sérénité d'une Lady en jupe fuseau.
Je n'aurai pas de murs blancs ni de nappes brodées en coton ivoire, sur lesquelles reposeront de jolies assiettes dentelées.
Ma vie ne ressemblera pas à un film. Pas de teintes pastel ni de lumière matinale par la fenêtre.
Ne me demandez pas pourquoi.
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