Elle
Elle est entrée dans ma vie par la grande porte, celle qu'on claque fort. Entrée en scène magistrale, trompettes et verre brisé! Paaaaf, elle est là.
Il y a du clown dans ses gestes, vifs et grands, dans ses yeux qui plissent et ses mains qui parlent pour elle.
1m60 de jus, électrique et bondissant. Des mains qui peignent les autres. Des tableaux immenses, des visages de deux mètre, et cette petite femme sur son échelle de pompier, qui peint presque au plafond. C'est du Chaplin, un petit bonhomme en salopette, casquette de Gavroche. Inépuisable comique, gestes,attitude,rythme.
Elle vous fait du cinéma, celui de la vie, quand elle raconte les années d'artiste au Canada et les périples autour du Monde. Le Brésil, le Japon, les Etats Unis, l'Inde, le Maroc, l'Italie...Elle a des valises dans la tête, trois pantalons et une paire de baskets.
Tout ce qui lui appartenait a terminé sur un trottoir de Montréal. Elle se casse, vide l'appartement. Servez vous, il y en aura pour tout le monde. Quand elle quitte un lieu, elle se débarrasse de tout matériel, de toutes ces choses qu'on amasse connement, nous. Elle donne, elle achète. Elle fait les vides greniers. Papiers que l'on découpe, colle, recolle, recoupe. On en fait des tableaux, sur lesquels on pose des yeux verts, des femmes aux visages mystérieux. Mère, fille, soeur. Qui sait? Ni occidentale ni orientale, on joue sur l'ambiguité. Elle aime ça, quand les gens sont autres, Autres que ce qu'on attend d'eux, quand c'est fait avec justesse et liberté.
Elle regarde le monde, avec le recule du nomade. De celui qui sait qu'il y a pire et mieux ailleurs.
Elle parle des hommes et de ce qui fait qu'on les aime, puis qu'on les déteste. Elle va à la bibliothèque et ramène dix bouquins. Elle reprend l'avion pour quitter la France, et revient, encore , pour repartir.
C'est le plus beau coup de vent de ma vie, la femme aux semelles de vent, oui cher Rimbaud. Elle a cette liberté qui rend fou, celle qui donne envie et fait si peur. Celle qui lui donne tant envie et doit lui faire si peur.
Je pense à elle souvent, à des kilomètres d'elle. A ses yeux qui me prennent les mains, à ses paroles de femme. Elle a des yeux verts gris qui n'existent pas ailleurs. Juste là, quand elle s'émeut près de vous, à la table d'un café. Le clown a disparu, et il ne reste qu'elle, que ses yeux qui vous attrapent toute entière.
Elle a dit " je vous aime" au téléphone. C'était rapide, et pris dans les derniers mots qu'on dit vite fait pour se quitter. Mais c'était là. Impossible de mettre des mots. Implosion de mes sens. Comme une fierté immense, impression d'être détentrice unique d'un trésor caché. Chuuuut.
Parfois je ne sais pas quoi répondre, je ne sais pas car elle me contente. Elle pourrait parler des heures seule que ça m'irait. Je pourrais la regarder vivre, des journées entières, en silence. C'est mon meilleur spectacle.
Il y a du clown dans ses gestes, vifs et grands, dans ses yeux qui plissent et ses mains qui parlent pour elle.
1m60 de jus, électrique et bondissant. Des mains qui peignent les autres. Des tableaux immenses, des visages de deux mètre, et cette petite femme sur son échelle de pompier, qui peint presque au plafond. C'est du Chaplin, un petit bonhomme en salopette, casquette de Gavroche. Inépuisable comique, gestes,attitude,rythme.
Elle vous fait du cinéma, celui de la vie, quand elle raconte les années d'artiste au Canada et les périples autour du Monde. Le Brésil, le Japon, les Etats Unis, l'Inde, le Maroc, l'Italie...Elle a des valises dans la tête, trois pantalons et une paire de baskets.
Tout ce qui lui appartenait a terminé sur un trottoir de Montréal. Elle se casse, vide l'appartement. Servez vous, il y en aura pour tout le monde. Quand elle quitte un lieu, elle se débarrasse de tout matériel, de toutes ces choses qu'on amasse connement, nous. Elle donne, elle achète. Elle fait les vides greniers. Papiers que l'on découpe, colle, recolle, recoupe. On en fait des tableaux, sur lesquels on pose des yeux verts, des femmes aux visages mystérieux. Mère, fille, soeur. Qui sait? Ni occidentale ni orientale, on joue sur l'ambiguité. Elle aime ça, quand les gens sont autres, Autres que ce qu'on attend d'eux, quand c'est fait avec justesse et liberté.
Elle regarde le monde, avec le recule du nomade. De celui qui sait qu'il y a pire et mieux ailleurs.
Elle parle des hommes et de ce qui fait qu'on les aime, puis qu'on les déteste. Elle va à la bibliothèque et ramène dix bouquins. Elle reprend l'avion pour quitter la France, et revient, encore , pour repartir.
C'est le plus beau coup de vent de ma vie, la femme aux semelles de vent, oui cher Rimbaud. Elle a cette liberté qui rend fou, celle qui donne envie et fait si peur. Celle qui lui donne tant envie et doit lui faire si peur.
Je pense à elle souvent, à des kilomètres d'elle. A ses yeux qui me prennent les mains, à ses paroles de femme. Elle a des yeux verts gris qui n'existent pas ailleurs. Juste là, quand elle s'émeut près de vous, à la table d'un café. Le clown a disparu, et il ne reste qu'elle, que ses yeux qui vous attrapent toute entière.
Elle a dit " je vous aime" au téléphone. C'était rapide, et pris dans les derniers mots qu'on dit vite fait pour se quitter. Mais c'était là. Impossible de mettre des mots. Implosion de mes sens. Comme une fierté immense, impression d'être détentrice unique d'un trésor caché. Chuuuut.
Parfois je ne sais pas quoi répondre, je ne sais pas car elle me contente. Elle pourrait parler des heures seule que ça m'irait. Je pourrais la regarder vivre, des journées entières, en silence. C'est mon meilleur spectacle.
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