Les cigales

Allée de lauriers roses, cri-cri des cigales dehors.
 Le soleil tape le pare-brise, et j'ai la main par la fenêtre.
L'air chaud me file entre les doigts, et la fumée de camel s'échappe en vitesse.
 On roule, on revient de la plage, on y va peut être. Peu importe.
 Il y a de la musique, ma main qui bat le rythme sur ma cuisse, et toutes ces images bleues hivernales qu'on traîne derrière nous. On pourrait presque entendre nos casseroles de souvenirs, traînées par le pare-choc arrière. Mais on s'en fout. On vient de survivre à une année de plus (de moins?).
 On écoute que nous et nos blagues vaseuses.On roule, on roule, et on pourrait rouler tout l'été, je m'en fous, on est ensemble, et ça c'est cool.
Pas cool comme un cadeau qu'on attendait pas, non cool comme un cadeau qu'on attend trop.

Tu me fais danser. Tu me fais avancer. Tu me pousses. Et j'ai les jambes qui ondulent et les mains au ciel.On passe des heures à nous oublier au creux des autres, dans des endroits sombres, avec des verres de verre. Il y a du bruit, de la mauvaise musique, des cokés qui copinent et toute une tripotée de surfeurs bourrés qui font le show. Ou d'autres. On embrasse le patron de l'autre côté du bar et c'est parti : régression totale, pouffiasserie estivale, on se met à l'heure St Trop et on fait les clubeurs du dimanche.
On se regarde du coin de l'oeil et on se moque, de n'être que nous, de n'être pas vous. On croise quelques connards en chemise roses, croisés l'aprem sur le port, avec leur yacht à la con ,leurs grands idées pour ruiner leurs héritages et leur galanterie légendaire.
" Bonsoir charmante demoiselle, figurez-vous que j'ai la maladie de la grosse bite. C'est terrible. Je vous offre un verre?" Avec une vanne pareille je demande un magnum de rosé mec !

 On sort sourds et fatigués au matin rose et frais. On chante un peu sur la route, on négocie quelques pains chauds dans la réserve de la boulangerie encore endormie. Accompagnés par le chant des oiseaux on retrouve nos lits, et leurs bras toujours ouverts. On berce nos gueules de bois, en sachant qu'on va bien se marrer dans quelques heures. Voir apparaître ta gueule dans l'embrasure de la porte, après 27 verres de vodka, c'est toujours drôle, je sais pas pourquoi?!

Avec toi je bois, sans avoir peur, sans penser que c'est grave. Je sors de moi, je transcende ce que je suis.
 Je suis pas seulement une râleuse mal coiffée quand je suis avec toi, je suis une arme fatale. Tu me rends meilleure. Tu me rends moi en plus forte, en plus drôle, en plus libre.
Je me tape d'avoir 15, 25, ou 45 ans. Ça compte pas, ça compte plus. On se laisse aller sous le soleil. Je te regarde jouer sur ta guitare. Des fois, j'ai même pas envie de chanter, de t'accompagner, pour être en dehors. Être là, mais spectatrice privilégiée de tout ce spectacle.
La mer en fond, les pins, les toits ocres, les murs chauds, la terrasse fraîche, le bleu des cieux...et puis toi, toi et ta tronche de putain de cake en train de jouer avec cette guitare qui nous a connu jeunes et débiles et qui s'était chargée de faire les présentation pour nous.

Je te charie souvent en disant que t'es ma meilleure copine. Mais c'est pas vrai.
T'es mon meilleur copain : le seul mec qui m'aime toute moi, pelleteuse ou princesse, et qui me fait me sentir une jolie personne.

Partons maintenant.


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