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Affichage des articles du 2013

Dormir seule

Il faut que tu partes maintenant. J'aimerais dormir seule. Ne plus te croiser dans le noir de la nuit, au fond d'un bus ou dans un appartement clair. Je voudrais que tu me quittes. Que tu reprennes ta route, que tu arrêtes de te justifier. J'en ai marre de te parler des heures, de te poser des questions, de chercher à comprendre pourquoi on ne s'aime pas. Pourquoi on ne s'aime plus. Je voudrais me lever libre. Avec l'homme que j'aime et qui construit des maisons aux oiseaux dans le jardin. Je voudrais quitter les barques, les cabanes, les montagnes, les rues. Je ne veux plus voir de blonde se retourner sur moi. Je ne veux plus l'odeur de ta peau. Je ne veux plus tes mains. Je ne veux plus tes yeux. Je voudrais que tu me quittes. Que ce personnage que tu incarnes reprenne sa route. Je suis fatiguée de t'avoir en baluchon avec moi. Pars, et ne te retournes pas. S'il te plaît...

Avant-après...

Je n'aime pas imaginer son épaule. J'ai vu des photos pourtant, enfin une. Une grande et large cicatrice, avec des agrafes fortes. Une jolie plaie, bien refermée, et une opération sans doute parfaite. Je n'ai jamais revu son épaule. Je l'ai vue avant. Avec ce rond, cette peau douce et lisse. Et maintenant, je sais juste qu'il y a sous sa chemise une balafre. Une cicatrice loin de mes doigts. Dont je n'ai pas été témoin. Comme un épisode loupé, un chapitre important sur le livre de son corps. Une marque qui vient me rappeler que c'est terminé. Qu'il y a un avant/après. Que je n'ai plus accès au corps. Que ce que je connaissais est révolu. Que l'empreinte est autre désormais. Je n'aime pas penser qu'une autre dort près de cette cicatrice que je ne connais pas. J'étais froide l'autre soir. Distante. Impossible de savoir pourquoi. J'étais pourtant heureuse d'être dans tes bras. Longue journée à traverser ...

Le bruit de la mer

Moi je regarde le phare et ça ne m'évoque rien. Enfin si, quelques souvenirs brouillons, des images en vrac de l'enfance. Une histoire de Roi d'Afrique. Des propos qui se mélangent. L'enfance nous permet de créer des histoires, constituées à partir de bribes de l'actualité, ou de phrases lâchées par erreur par des adultes peu soucieux des petites oreilles. Moi, lorsque je regarde ce phare, avec sa pointe rouge là, et bien j'y vois une longue queue pour monter tout en haut, des heures à attendre au soleil...et, un Roi d'Afrique, avec une peau de léopard sur les épaules, assis bien confortablement sur son trône, à l'ombre du phare. Sur l'Ile de Ré. Parfaitement. Je ne saurai jamais pourquoi cette image existe. Peu importe. Alors on regarde la mer, et la longue plage qui la borde, en silence, avec le phare au bout. Tu ne dis rien. Moi non plus. Je pense au Roi. C'est tout. Je me dis que cette plage on la découvre ensemble, que c'e...

Plus besoin

J'ai plus d'armure. Tu me fous à poil. Plus de bataille, plus de dragon, plus de montagne. Plus de quête de l'impossible. Non, juste des histoires que tu me racontes et les plumes de paon au dessus de nos têtes. J'ai plus de devoirs. Etre bien sage, responsable et pleine de bon sens. Le commerce c'est la vie, tenir debout chaque jour et jouer à la dinette. Avec des clients en carton. J'ai plus peur. Plus besoin de m’essouffler à chanter dans les bars. Pas de téquila citronnée dans le froid de l'hiver. Plus d'amants au placard ni de costumes d'amertume. J'ai plus besoin. De fuir très loin pour oublier qui je suis. De faire une pause et de me placer en autre. Au delà des mers bleues. Pour me plonger dans le bruit. M.E.R.C.I  la vie

Les larmes de maman

Les larmes de maman ce sont des gouttes violettes qui me coulent dessus Ça sent le muguet les fleurs d'oranger et les airs de violon. Maman Maman de maman Toutes ces couleurs qui s'envolent avec des draps d'hôpital Toutes ces lumières qu'on éteint dans l'herbe Toute cette verveine qui chatouille mes joues. Maman tes larmes sentent la terre chaude et sèche et tout le petit jardin celui de nos rires,celui de nos éclaboussures Les rouges gorges, les confitures d'abricot et les heures tièdes à l'ombre des murs blancs. Maman de maman quand tu fais pleurer les gens il n'en ressort que des cerfs volants des livres dans le ciel et des notes sur ton piano mort Les larmes de maman c'est perdre quelque chose C'est grandir trop vite C'est la faire devenir à son tour maman de maman.

Minois de minet

T'es mon absinthe joli lapin. L'éclat du verre, l'appel du vide. T'es un rapide petit indien, d'eaux claires qui dansent,glacées,limpides. Tu fais taire les chiens dans les ruelles sombres, tu écartes les loups des histoires qui me plombent. J'ai mal au dos, j'ai mal aux mains, j'ai mal de trouver des petits riens comme pour m'enfuir un peu parfois, et t'éviter d'être trop en moi. Il y a ta folie qui court sur ma nuque,et alors je chiale de cette lutte.  Des trois pas qu'il me reste à faire  pour être toute là, toute à toi, toute entière. T'es mignon minois de minet, quand tu pianotes sur mon front, des tas de notes et pas de son. Quand tu attrapes mes yeux au vol qui se font la malle en farandole. Tu gardes mes jardins, mes secrets, mon jasmin. Les fleurs de mon corsage, les dentelles, et le lin. Tu es gardien des mes châteaux, mes rêves, mes ivresses. Mes doutes, mes vides, ma seule tendresse.

Perfect day

Image
Le soleil passe à travers les volets. Je le vois du lit. C'est comme un appel,comme un ordre de me lever, et d'aller ouvrir la fenêtre pour faire entrer la lumière. Puis il y a toi, juste là. Et alors je sais que rien ne pourrait aller mieux. Le ciel, et puis tes yeux. Bleus.

Mon quartier

Il y a une fille qui prend le métro à 10h40, tous les matins. Je la croise sur le quai, on monte toujours dans la même partie du train, elle marche devant moi dans les couloirs. Enfin je la laisse marcher devant moi pour pouvoir la regarder. Elle a des cheveux très longs,blonds,avec de belles anglaises très serrées qui lui tombent dans le bas des reins. Elle est toute petite, peut être 1m55,avec une veste en cuir et des fesses généreuses. Moi, je suis spectatrice de ses fesses,et de ses cheveux qui se balancent juste au dessus d'elles. On descend ensemble dans mon quartier, je la regarde s'enfuir dans une rue après la mienne. Je ne vois jamais son visage. Je ne cherche pas à le voir.C'est mon fantôme-fantasme. Je la laisse caresser mon imaginaire. Lorsque je sors du métro, juste à côté de la première boulangerie,il y a un jeune mec, je dirais 35 ans à tout casser,assis,les bras croisés,toujours sur la même marche,et qui ne demande rien. Il est propre, rasé,vêtements n...