D'abord...

D'abord il y a eu toutes ces nuits, toutes ces nuits où tu braillais à t'en époumoner, et  où elle passait son temps à te tenir dans ses bras, à te bercer en implorant le ciel pour que tu arrêtes de pleurer.
Tu pleurais tellement que tu vomissais, dégueulant ta peur et ta frustration d'être seul dans un petit lit blanc à barreaux. Tu détestais être seul. Alors elle ramassait le vomi, encore et encore, et t'embrassais toujours sur le front, avec le même amour, chaque jour.

Quand elle disparaissait de ton champs de vision tu hurlais, si bien qu'elle devait te transporter partout, supportant chaque mois ton poids dans ses bras qui s'alourdissait.Elle le faisait.Sans se poser de questions.

Avec le temps elle a vidé les poches de tes pantalons, pleines de sable, elle t'a acheté 6 paires de chaussures en 6 mois que tu défonçais en jouant au foot. Elle a passé des heures à vouloir te faire réciter tes leçons, alors que tu dansais debout sur une chaise. Elle t'a bordé, aimé, compris.Elle s'arrangeait toujours pour faire des heures en plus, en début de semaine, pour profiter de toi, plus tôt le vendredi soir.Elle t'a offert tout ce que tu désires, elle s'est battue pour ça. Elle a tenu bon face à toute la famille qui criait au scandale quant à ton éducation. Elle a cru en toi, elle a cru qu'un jour tu serais redevable. Que tout cet amour, ces pistolets à billes, ces pétards du 14 juillet, puis ces scooters,motos et clopes...seraient un jour acceptés comme des preuves d'amour.
Elle se disait qu'un jour tu irais travailler, qu'un jour tu descendrais l'escalier, et déposerait un énorme baiser sur sa joue avant d'aller accomplir ta journée, en homme, en fils, comme tout le monde.
Elle se disait juste qu'avec autant d'amour on ne pouvait pas devenir un sale type. Elle pensait qu'un enfant qui dessine des fleurs pour sa maman et offre des bagues de tourniquets à ses amoureuses à l'école, ne peut pas, foncièrement devenir quelqu'un de mauvais.Elle a eu raison en un sens.....

Tu casses tout. Les murs d'abord. De colère, de peur d'être seul, encore. Et puis tu brises les liens, l'amour.On ne discute pas, on ne peut pas, tu as ta logique, ton sens de la vérité, et c'est comme ça. Tu n'écoutes pas, tu n'entends même pas. Tu as la tête droite, et le regard dans le vide, et le moindre reproche est ignoré.
 Tu es hermétique. Au respect, à l'amour,au savoir vivre, aux autres. Tu n'es que toi, toi et tes verres de sky, toi et tes bédos de merde, toi et tes envies de soirées, de potes, de vitesse. Toi et ta peur absolue de la vie, que tu préfères planquer derrière des tatouages à la con et des tee-shirt de marque. Pour toi la classe c'est les chaînes, le gel dans les cheveux et les imitations à bas prix. Pour toi le respect c'est un truc de jeunes, ça se passe entre "frères", comme tu dis, tes potes c'est ta famille.Tu t'es cru dans Scarface. Ton père est assurément un connard et ta mère une conne, mais tes frères, eux, c'est ta vie. Ça crache, et ça boit, comme des âmes en peine sous des arrêts d'autobus en plein hiver. Ça se gêle les couilles car ça n'a rien de mieux à faire que partager un pack de kro en pleine beauce.
Ça a 22 piges et ça marche 25 km à pieds pour se rendre à une soirée.Ou alors ça a des accidents de voitures, mais ça ne ralentit pas. Pour quoi faire?
Bravo mec, t'es trop un ouf, ta vie est géniale, c'est comme un clip de snoop dog. Mais à la campagne, dans un village de 2000 habitants où toi et ta bande vous n'effrayez même pas le garde champêtre. Tu forces le respect franchement !
Tu bouffes du foie gras en survet lacoste, et t'écris des textes de rap mal orthographiés sur la société.Alors que tu sais même pas qu'un abonnement internet ça se paie, bah oui, rien n'est gratuit. Les gens travaillent, et paient même parfois. Ils habitent dans des maisons et roulent en voiture. Combien font 2+2 connard? Franchement trop cool, t'es un mec humble et franchement intéressant.
T'es même pas foutu de garder une nana, car à part parler jeux de playstation et paroles de Soprano tu sais rien faire.T'as rien à partager, rien à donner, et quand bien même t'aurais quelque chose, tu garderais ça pour toi.
T'es franc comme une arbalette mecton, et quand tu fais des sourires c'est pour me piquer du pognon.
Toi t'auras un appart' de rêve, une belle gonzesse  et un taff en or, mais va dans un premier temps t'acheter des valeurs. Commence par te souvenir de qui tu es, d'où tu viens, et  de ce qu'on t'a fourré dans le crâne putain.
J'ai honte de ta flemme, j'ai honte de ton oppotunisme, j'ai honte de ton irrespect, j'ai honte de ton manque d'amour. J'ai honte de tes fausses caresses dans le dos.

Moi aussi j'ai eu mal, moi aussi j'en ai bavé. Moi aussi j'ai bordé, couché, lavé, essuyé, compris, entendu leurs peines.Sauf que moi, j'ai en moi petit 70% de secrets et de choses que tu ne sais pas, sur les confidences de nos parents.
 Sur leurs bavures, leurs doutes,leurs excès,leurs vérités. J'entends les pleurs, les peurs de vieillir, l'alcool qui ronge le corps, les maux, ceux qui détruisent le coeur et vous font tituber à 17 heures.Si trois images brouillées te servent d'excuses pour dérailler depuis des années, sache que je suis alors bonne à être enfermée, à vie.
Regarde autour, le malheur ce n'est pas ça. Seulement t'es trop con pour t'en rendre compte.

J'espère que tu regardes le plafond dans ta jolie petite cellule, et que tu penses à ta mère, et à ton vomi de braillard sur son épaule. C'est tout.

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