Foie malade

Je monte dans le métro, je reste debout. Dans les couloirs noirs des entre-deux stations je vois mon reflet dans les vitres. Ce n'est pas tout à fait précis, pas vraiment flou non plus. C'est juste assez fidèle à la réalité pour que je constate les poches que j'ai sous les yeux. C'est le matin. Et le matin, j'ai l'impression d'avoir le visage de ma mère. Bouffi,sinueux,marqué,gris.
Je n'ai pas toujours eu cette mine plombée,mais d'autant que je me souvienne,ça fait quand même quelques années que l'alcool de la vie marque ses lignes.
Pas de lignes franches,pas de marques nettes,juste un masque instable,qui se pointe parfois,pour me rappeler qu'un jour,j'aurai la gueule d'une soularde.

Je monte dans le métro,chaque jour,et d'un seul regard je détecte les foies malades. Je détecte à 20 mètres les alcolos,poivrots,imbibés et autres buveurs du soir. Même les non-moi-je-bois-juste-deux-verres-de-vin-chaque-soir. Je le sens,je le vois,ça vient à moi. C'est un repère sensoriel,c'est "la famille". Je me sens chez moi tout autant que je suis tétanisée. Je suis troublée et tout à fait prête à réagir. L'habitude,celle de la peur à gérer,au delà de soi.

J'ai peur de vieillir,mais surtout de ressembler à ceux là.

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