A good man

Il y a ce truc si fort. Cette sensation si cruelle dans l'abandon.
Ça t'embarque,ça te fait danser malgré toi, tourbillon qui te désarme, puis te fout à poil, et te laisse là, sur un trottoir glissant de la ville.
Tu l'a rencontrée dans un parc, elle était belle,avec des yeux verts qu'on ne pourrait même pas inventer. Elle était douce,drôle,et certainement pas comme les autres.Tu décides alors que c'est elle.
Tu donnes,tu donnes,encore un peu. Tu enchaînes les jobs à la con, tu trouves enfin LE job bien payé, même si c'est 50 heures par semaine. Celui qui te permettra de lui acheter ses robes de créateur, de payer le loyer du nouvel appart dans le 13ème,d'assumer sa fille, et d'envisager de faire un enfant, un à toi,à vous. Ce serait un bon début,ça te plairait, vraiment.
Elle veut se marier,ok, c'est accepté. Tu l'épouses, tu fais même venir tout ta famille de l'autre bout du monde. C'est un gros projet. C'est festif, c'est bruyant. C'est chaleureux.Tout le monde est heureux pour toi,tu es un homme comblé. Il semblerait que rien de meilleur ne puisse t'arriver.
La fête dure 8 jours.

Tu te lèves le matin et tu vas bosser,c'est comme ça, c'est l'amour,on dirait qu'il faut être méritant. Ça ne te pose pas de soucis,tu es un mec équilibré et courageux,qui a  déjà traversé la planète plusieurs fois pour évoluer.Entre vous c'est fusionnel,c'est électrique,ça te claque dans les doigts. Elle est tout. Tu es son tout.Vous jouez,vous échangez,c'est tendre et chaud,elle a accès à toi, tu as accès à elle.Vraiment,sincèrement. La complicité est indéniable,et les gestes sont les bons.Pas de fausses notes.

Et puis ça se pète toujours la tronche,un jour. On y peut rien, on est fautif de tout.Ça commence par des détails idiots qui deviennent des rencoeurs personnelles.
 Ça se trame en jalousie,colère,amertume.Alors on balance des petites phrases cinglantes,on veut jouer à blesser un peu, se venger,et surtout posséder.
Tu vois comme je te tiens là, avec mon mépris,et tout cet amour que tu as pourtant pour moi ?
Et puis un matin, à bout de souffle.....ça lâche,la corde pète...tandis qu'on ne s'y attendait pas...

Et voilà, t'es comme un con, sur un trottoir humide de la capitale avec tes souvenirs,et tes baskets trouées.
Tes affaires ne sont pas là. Adieux livres,planches de surf,meubles,photos...On ne t'ouvrira plus la porte. Car l'ouvrir c'est s'excuser un peu. Laisser l'autre revenir vers soi, c'est bien trop ambigu, ça laisserait de la place au regret.Donc, tu te retrouves seul, sans affaires, dans un pays où tu résidais par amour, le dos au mur...

Ça fait mal parce qu'il y a pas de mots pour ça.Pour dire qu'on est tous trop cons pour s'aimer vraiment.
 Il y en a toujours un des deux pour mettre le doigt dans l'engrenage et venir te gratter le dos jusqu'au sang,mais avec tant de douceur que tu ne sens rien venir....Pour te changer,te faire dire ce qu'il veut entendre,te brûler de l’intérieur.il faut toujours que ça taille,que ça pique,que ça démange.
On s'abîme,on se ment,on se cherche,on teste les limites,on les dépasse,on regrette,on pleure.Alors on en vient à ne même plus savoir ce que l'on aime chez l'autre, et si sa compagnie est agréable ou non. On aime autant qu'on déteste.
 Et un jour,on perd tout.C'est moche, et c'est bête surtout. C'est vraiment débile,on est juste des mouches sans cerveaux qui se buttent les unes dans les autres.Sans comprendre comment aimer,simplement,avec détachement,et liberté.

You are a good man. A good good man. Oui.
Tu ne mérites pas ça non.Et quand tu fredonnes cet air j'ai des frissons.Je sais comme tu es en lambeaux.
On cuisine ensemble, on écoute du son, on fait semblant. On se marre un peu. Tout reste en surface, mais ce qui nous lie c'est qu'on le sait.C'est que derrière nous se traînent nos fantômes. On ne les chasse pas,on fait avec,c'est tout. Et on partage le même fardeau.
Nos peaux de chagrin sont amies je crois.

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