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Affichage des articles du septembre, 2012

Tinder

A force de piétiner les fleurs, on dirait que je n'en connais plus leur odeur. Je ne sais plus si c'est bien, si ça me tient chaud. Je me sens comédienne, jouant encore et encore la même scène. Mauvais castings, acteurs tous différents,tous plutôt pas mal,mais aucun franchement bien. Texte de série B à la con, et faux rires en fond. Ahahaha, qu'est ce qu'on se marre toi et moi. Je te donne l'impression d'être en fête, d'être si particulière, une fille chouette. Mais je joue toujours le même refrain, qu'il soit roux, blond ou brun. Moi aussi je déploie mes filets, je fais semblant, je te donne du lait. Mais je sais bien dès le début, que mes sourires sont corrompus. J'essaie tu vois bien, d'être sincère, d'être certaine. Et pourtant rien ne vient, c'est pas la peine.

6 heures du matin

Il y a toi, au fond je te connais à peine.  Et puis il y a moi, et je ne me connais pas beaucoup non plus. Alors je me laisse embarquer, en me disant que la vie est trop triste un samedi soir dans son lit. J'embarque sur un vélo dans les pentes de Belleville, avec une lourde semaine en poche et quelques bières qui tiennent chaud au ventre. J'attrape ton dos en guise de guidon, mal assise sur un porte bagage. Tu pédales,et je ne sais pas si on a quelque chose à se dire,mais je laisse faire. Salle de concert noire, presque vide, 3h du matin approche derrière ces lourdes portes de bois. Derrière elles se trouve un autre monde. Ici, il n'y a que ce présent absurde, cette parenthèse à ma vie, cette parenthèse à la tienne. Musique forte, rock envahissant. Les sons qui t’attrapent les pieds, te mettent la tête à l'envers et te secouent bien fort. Planant, planant. Encore et encore. On ne parle pas, pas besoin. On voltige chacun de notre côté. Je regarde fixement la scèn...

Encore !

Comme tu es gracieuse dans ton habit de suffisance ! Comme je t'admire d'être la reine de ton petit foyer idéal !  Illusion du bonheur au coin du feu, couture et odeurs de pins, grande maison bien taillée.  Tu es une de ces filles lessives. Celles qui pourraient présenter des publicités pour un linge propre et délicat, qui sent bon 48h, et qui te permet d'avoir des culottes fraîches plus longtemps que les autres.Toi, ta chatte, elle sent le mire-laine, et ça, vraiment, ça te rend heureuse.  Tu as un sourire bright et des papillons qui sortent de ta machine, des enfants blonds qui t'embrassent, et de beaux murs blancs. Comme je t'envie pour ta bêtise. Tous ces parpaings que tu montes autour de toi, pour t'isoler du monde qui fait peur et qui fouette le sang ! bouh ! on est mieux à l’intérieur ! Au chaud, avec plein de jolis coussins et de gadgets parisiens sur tes belles étagères campagnardes.Tu fais ta prolétaire à Leclerc,mais tu es en manque de monoprix. ...

V

T'étais jeune, t'étais frêle, t'étais blonde et rebelle. Tu m'apprenais l'interdit, à me moquer des lois,des prix. T'étais jeune et pourtant plus âgée, avec des cicatrices plein les mains. Et ta bouche, rose de sucre,me faisait toujours marrer. On avait 12 ans, rien en commun. Juste qu'on s'est croisées. T'es devenue une amie, mais comme celles qu'on choisit pas. T'étais là, puis je pouvais pas te laisser filer. Tu me faisais peur car t'étais libre, insouciante et effrontée. Parfois t'étais ma fille,que je cherchais à protéger,parfois t'étais ma sœur, ma jumelle adoptée. T'as débarqué dans notre salon, comme une timide présence,un sourire jusqu'aux oreilles et des tonnes de mots d'absence. L'école tu t'en foutais,tu jouais de tout,de rien,avec nous. Et le soir, fatiguée, on te regardait dormir comme un bébé,sur le fauteuil au coin du feu. T'étais notre merveille,notre fille-soeur qui avait eu des prob...

Les fugues

Je voudrais me cacher. Tout plaquer, ne rien dire à personne et me cacher. Enfin c'est ce que je fais d'habitude, je me planque. Là, c'est plus fort, je voudrais me barrer. La dernière cachette remonte bien à trois années en arrière. J'avais quitté Paris pour la soirée, pour assister à un concert sur Orléans. J'étais avec des amis. Je devais reprendre mon train le lendemain et retourner bosser à Montrouge, vendre des fringues de pouffe à des clientes mal aimables. Mon mec m'attendait aussi, sur le canapé sans doute, il m'attendait juste pour m'ignorer. Mes études allaient reprendre...etc C'est ce soir là que j'ai donc décidé de faire ma première fugue. J'ai fugué de ma vie. Ce n'est pas une décision à vrai dire, ça s'imposait clairement à moi. Me cacher ou tout brûler. J'ai passé la nuit chez ma meilleure amie, j'ai dormi tout contre elle. J'ai traîné en pyjama toute la matinée dans son salon, croisé ses parents, second...

La question

Je me pose souvent la question. Aux chiottes. En me lavant les dents. Devant le miroir. En serrant la main d'un client. En payant un commerçant au marché. En faisant bouillir mes légumes. En rendant visite à ma grand mère. En garant ma clio. En lisant. En discutant avec des gens sérieux. En étant sur scène. En soufflant dans mon micro. En embrassant mon père. En filant une pièce. Sur facebook. Sur twitter. Partout. Tout le temps. Suis-je une pute? Pourquoi tu dis pute? Pute je croyais que c'était un job. Et encore. On peut être pute un jour seulement? Non? Combien de km de queues avalées déterminent que je suis une pute? ou non? On peut être une ancienne pute, ou cette étiquette de merde c'est pour la vie? Vieille pute. C'est quoi une pute pour toi? Je suis ton amie. Ton amie femme.Tu parles souvent de putes. De toutes ces putes que tu croises. Je pourrais ne pas être ton amie. Serai-je alors une de ces putes ? Serions-nous amis?