Les fugues
Je voudrais me cacher. Tout plaquer, ne rien dire à personne et me cacher. Enfin c'est ce que je fais d'habitude, je me planque. Là, c'est plus fort, je voudrais me barrer.
La dernière cachette remonte bien à trois années en arrière. J'avais quitté Paris pour la soirée, pour assister à un concert sur Orléans. J'étais avec des amis. Je devais reprendre mon train le lendemain et retourner bosser à Montrouge, vendre des fringues de pouffe à des clientes mal aimables. Mon mec m'attendait aussi, sur le canapé sans doute, il m'attendait juste pour m'ignorer. Mes études allaient reprendre...etc
C'est ce soir là que j'ai donc décidé de faire ma première fugue. J'ai fugué de ma vie. Ce n'est pas une décision à vrai dire, ça s'imposait clairement à moi. Me cacher ou tout brûler.
J'ai passé la nuit chez ma meilleure amie, j'ai dormi tout contre elle. J'ai traîné en pyjama toute la matinée dans son salon, croisé ses parents, seconde famille.J'étais un fantôme, ni dans ma vie, ni dans celle des autres. Flottant dans un entre deux vaseux et sans fond.
Je me suis décidée à prévenir mon père.
-"Allo, Papa, c'est moi. Viens me chercher s'il te plaît."
-Quoi? T'es pas à paris? Je comprends pas là? T'es pas censée bosser? Qu'est ce que tu fais Marie? Tu déconnes ou quoi?
-"Viens me chercher s'il te plaît."
Je m'attendais à de longs discours dans la bagnole, mais non, rien dutout. Pas un mot. Juste un regard sur moi de temps en temps.Il a tenté de mettre un CD de George Benson dans l'auto-radio pour me faire réagir. Mais rien, j'étais comme endormie dans ma vie.Il a alors pris ma main pour me faire passer les vitesses, sous la sienne, sur le pommeau, comme quand j'étais gamine. Rien. Il a fait le bruit de décompression du bus qui change de vitesses "ppcchhh" à chaque changement de rapports. Rien non plus.
On est rentrés chez nous, mon ancien chez moi, leur toujours chez eux. Je me suis affalée dans le canapé comme une gamine de 6 ans, et j'ai scotché devant Docteur Quinn à la télé comme une abrutie.Mickaëla était toujours cette bien bonne Mickaëla, Sully était toujours ce bien bon Sully et Brian était toujours aussi con.
Je ne faisais pas attention à ce qui pouvait bien se passer autour ni à ce que mon père bidouillait dans mon dos.
D'un seul coup, il est venu me chercher, me tirer de mon sofa, pour m'installer sur la belle table qu'il avait dressé. Il m'avait fait une magnifique assiette italienne, avec de la charcuterie merveilleuse, des gressins,du basilic frais, des tomates, de la mozza et tout un tas de trucs bien meilleurs que les pâtes alphabet. Il a pris place à côté de moi, et m'a regardée manger en silence, la tête entre les mains.
Je me suis cachée comme ça, au creux de lui.En silence. Avec des gestes lents qui semblaient s'adresser à une somnambule.On ne m'a pas demandé de me justifier. Pas de mots, juste des gestes.
J'ai du dormir 4 jours cette fois là.
J'ai eu 150 messages de mes patronnes pouffiasses vendeuses de vêtements cheap qui s'insurgeaient. (je n'ai rien contre les vendeuses hein, juste que celles ci étaient particulièrement grossières et crétines).
Et 0 message de mon mec.(tiens,+1 dans ma liste "pourquoi j'ai largué ce type". Liste précieuse, à relire dans les moments de grand doute).
Depuis j'ai fait des petites fugues. A angoulême, en chaussettes sur du parquet beige, avec la neige dehors, et tous les bouquins de Sophie Calle sous la main. Du thé fumé, des cendriers pleins et une sacrée chouette amie.
Puis, j'ai squatté environ trois jours sur le canap de mon meilleur pote, voyant défiler tous les colocs un par un. Partageant à chaque fois une discussion avec eux, ou un morceau de vie. Jeux vidéo, lecture et critique de BD, musique, apéro etc. Squatter un canapé est un bon remonte moral, vu que le salon est toujours l'endroit central d'une coloc...
Aujourd'hui je voudrais juste me tirer.Poser la bague coquillage qui ne me quitte pas sur ma table de chevet, et me casser.
La dernière cachette remonte bien à trois années en arrière. J'avais quitté Paris pour la soirée, pour assister à un concert sur Orléans. J'étais avec des amis. Je devais reprendre mon train le lendemain et retourner bosser à Montrouge, vendre des fringues de pouffe à des clientes mal aimables. Mon mec m'attendait aussi, sur le canapé sans doute, il m'attendait juste pour m'ignorer. Mes études allaient reprendre...etc
C'est ce soir là que j'ai donc décidé de faire ma première fugue. J'ai fugué de ma vie. Ce n'est pas une décision à vrai dire, ça s'imposait clairement à moi. Me cacher ou tout brûler.
J'ai passé la nuit chez ma meilleure amie, j'ai dormi tout contre elle. J'ai traîné en pyjama toute la matinée dans son salon, croisé ses parents, seconde famille.J'étais un fantôme, ni dans ma vie, ni dans celle des autres. Flottant dans un entre deux vaseux et sans fond.
Je me suis décidée à prévenir mon père.
-"Allo, Papa, c'est moi. Viens me chercher s'il te plaît."
-Quoi? T'es pas à paris? Je comprends pas là? T'es pas censée bosser? Qu'est ce que tu fais Marie? Tu déconnes ou quoi?
-"Viens me chercher s'il te plaît."
Je m'attendais à de longs discours dans la bagnole, mais non, rien dutout. Pas un mot. Juste un regard sur moi de temps en temps.Il a tenté de mettre un CD de George Benson dans l'auto-radio pour me faire réagir. Mais rien, j'étais comme endormie dans ma vie.Il a alors pris ma main pour me faire passer les vitesses, sous la sienne, sur le pommeau, comme quand j'étais gamine. Rien. Il a fait le bruit de décompression du bus qui change de vitesses "ppcchhh" à chaque changement de rapports. Rien non plus.
On est rentrés chez nous, mon ancien chez moi, leur toujours chez eux. Je me suis affalée dans le canapé comme une gamine de 6 ans, et j'ai scotché devant Docteur Quinn à la télé comme une abrutie.Mickaëla était toujours cette bien bonne Mickaëla, Sully était toujours ce bien bon Sully et Brian était toujours aussi con.
Je ne faisais pas attention à ce qui pouvait bien se passer autour ni à ce que mon père bidouillait dans mon dos.
D'un seul coup, il est venu me chercher, me tirer de mon sofa, pour m'installer sur la belle table qu'il avait dressé. Il m'avait fait une magnifique assiette italienne, avec de la charcuterie merveilleuse, des gressins,du basilic frais, des tomates, de la mozza et tout un tas de trucs bien meilleurs que les pâtes alphabet. Il a pris place à côté de moi, et m'a regardée manger en silence, la tête entre les mains.
Je me suis cachée comme ça, au creux de lui.En silence. Avec des gestes lents qui semblaient s'adresser à une somnambule.On ne m'a pas demandé de me justifier. Pas de mots, juste des gestes.
J'ai du dormir 4 jours cette fois là.
J'ai eu 150 messages de mes patronnes pouffiasses vendeuses de vêtements cheap qui s'insurgeaient. (je n'ai rien contre les vendeuses hein, juste que celles ci étaient particulièrement grossières et crétines).
Et 0 message de mon mec.(tiens,+1 dans ma liste "pourquoi j'ai largué ce type". Liste précieuse, à relire dans les moments de grand doute).
Depuis j'ai fait des petites fugues. A angoulême, en chaussettes sur du parquet beige, avec la neige dehors, et tous les bouquins de Sophie Calle sous la main. Du thé fumé, des cendriers pleins et une sacrée chouette amie.
Puis, j'ai squatté environ trois jours sur le canap de mon meilleur pote, voyant défiler tous les colocs un par un. Partageant à chaque fois une discussion avec eux, ou un morceau de vie. Jeux vidéo, lecture et critique de BD, musique, apéro etc. Squatter un canapé est un bon remonte moral, vu que le salon est toujours l'endroit central d'une coloc...
Aujourd'hui je voudrais juste me tirer.Poser la bague coquillage qui ne me quitte pas sur ma table de chevet, et me casser.
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