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Chacun de tes souffles...

  A chacun de tes souffles, j’espère un geste qui suivra. Je regarde, sagement. Et je tente de capter avec tout mon corps ce que tu es. Comme si j’essayais d’aspirer en moi ta présence. Tu ne me touches pas, alors du coin de l’œil, j’imagine que tu le fais, la sensation de ta peau sur la mienne. La chaleur absente dans ma poitrine, alors que tes mains sont si proches, et tes bras si grands. Parfois je me risque, je prends tout mon courage, et je me niche furtivement dans ton cou, où je respire ta peau. C’est ridicule, c’est bête. C’est si triste. Tu ne recules pas, mais ta posture reste statique, rien ne s’engage, rien ne s’élance. Rien ne se donne à moi. Je t’observe le soir, nu, allongé sur le lit. Si proche, mais toujours si loin. Alors je sais. Je sais que tu ne viendras pas. Que jamais tu ne pousseras cette porte qui nous sépare, et que tu n’entreras pas dans la pièce. Cette antichambre qui te sépare de l’amour, ce sas qu’il faudrait traverser pour me rejoindre ave...

Mariés par le soleil...

Le souvenir que j'aimerais emporter avec moi c'est celui de mes pieds dans le sable, qui dansent. Mes mains autour de tes épaules. Mon nez dans ton cou. Cet endroit que j'aime tant. La plage qui nous borde. Je crois que ce jour là, nous avons été mariés par le soleil. Il nous a regardé danser, et il est allé se coucher. Maison de vacances, été, palmiers et lauriers roses. Plancha qui fait sa sieste et bouées abandonnées au calme des heures creuses. Pompes de la  piscine qui ronronnent. Serviettes qui attendent de sécher sur les transat.  Les hommes s'étaient absentés quelques heures en envoyant un précieux message codé aux femmes de la maison "soyez prêtes pour 19 heures"  Un pique-nique sur la plage s'annonçait sans qu'on le sache. Nous les filles, assises à l'arrière de la C3, on s'était laissées guider, en robes. On avait passé une heure à "se faire belle" dans la salle de bain en ricanant, à se poser du rouge sans déb...

Combien de temps ?

Combien de temps, combien de temps encore, allons nous tenir sur la douce pente raide de nos matins solitaires? Je regarde ta peau mon amour, et comme tu sembles avoir vieilli, en un seul refrain, c'est dix années de nous qui se sont déroulées dans ces draps.  Comme ta carnation me semble tendre, tout autant qu'elle est grise.  J'aimerais te prendre dans mes bras, comme avant, comme un jour, avec l'élan des tripes et du coeur, avec des battements de feu jusqu'au bout de mes doigts. Mais l'étreinte est celle du quotidien qui vient salir tes regards, qui vient frapper ma mâchoire. Je te regarde allumer une cigarette, une de plus, pour aspirer à quoi? Aux heures plus douces et aux prisons de nuages? Je me demande ce qu'il se passe dans le fond de ta gorge, dans l'air que tu cherches. Oh mon amour, comme j'aimerais te dire toujours, encore un peu, ce serait plus simple.  On pourrait déambuler encore un peu et faire les gamins, faire râler le temps...

Je me demande...

Je me demande toujours combien ça va me coûter le bonheur. Est-ce que je vais devoir payer la note à la fin, comme lorsque je m'emballe un peu trop un soir d'hiver dans un bar avec des amis, et qu'une fois à la caisse, je constate que je n'ai pas bu deux verres de blanc, mais 6 spritz. La note n'est pas la même. Est-ce que tu crois qu'on a droit à plusieurs chances sans devoir se comporter comme un bon élève? Est-ce que le père Noël passera même si je me comporte comme une sale gosse? Je me demande souvent pourquoi j'ai tant de chance, parce que dans le fond c'est pas juste.  Pourquoi moi j'ai une si grosse part de gâteau alors que certains semblent ramasser des cailloux avec leurs mentons? Peut-être que je me sens tellement chanceuse que j'attends toujours une merde en retour, comme pour équilibrer, faire la balance. Comme ça j'ai le sentiment de ne rien devoir à personne : "hé ho, moi aussi j'ai mon lot de galères, hein !...

La vie te pète la gueule

La vie te pète la gueule jusqu'à ce que tu comprennes. Elle te dépouille, te fait les poches, jusqu'à ce que tu n'aies plus rien pour te battre ou lutter. C'est un ring sur lequel tu as peu de chance, les points liés dans le dos, avec pour seule arme ton espoir et ton courage. D'abord, elle va commencer par frapper fort pour te montrer tes addictions, tes dépendances. Ta grosse faiblesse c'est ta dépendance à l'autre, à son affection, à son regard. Le besoin d'être aimé avant de s'aimer soi. Le besoin de sentir que tu comptes, que tu comptes vraiment pour quelqu'un, que tu as de la valeur, et même mieux, que tu es digne d'amour. Si on m'aime c'est sûrement que je peux penser que je le mérite alors. Le besoin d'être regardé, d'être écouté et validé dans ce que tu es.  Tu vas vivre des épisodes charmants de rencontres, des expériences humaines sincères, qui vont te plaire, te séduire et même te faire souffrir et qui pourtant ...

Le club des divorcés

Le club des divorcés se réuni le dimanche soir. Le plus souvent c'est chez Greg. Il a une grande maison en plein centre ville avec une cour ombragée par les façades de ses voisins et il y a ce superbe jardin suspendu juste en face. Celui du dentiste le plus réputé de la région. Ses volets sont toujours fermés et les plantes ont un peu soif, mais ça donne une impression de jungle urbaine et on peut profiter de la vue. On est là, autour d'une table en plastique, à siroter de la heineken tiède et à se raconter les frasques du week-end. On se raconte, on se charie, on balance des dossiers, on fait le tour de la petite communauté de notre ville pour tailler des shorts à certains et en rire trop fort. On écoute les derniers morceaux de rock indé, fenêtres ouvertes, son à fond. Et on oublie presque que c'est dimanche, on oublie presque les 40, on oublie presque...Merde, les gamins voulaient manger des knackis...Il est 22heures, c'est l'heure où les parents indignes comm...

Ici

La lumière que je porte en moi est le seul guide vaillant qui ne s'essoufflera jamais.  Je peux suivre pas à pas, écho après écho, les quelques notes laissées en indices devant mes pieds. Chaque ordonnance est une chance que m'envoie mon âme, chaque image une piste à suivre. Les couleurs qui me composent m'ont donné tant de joie et d'exaltation que je les aime au plus profond. Des plus sombres aux plus vierges. Elle me protègent et me donnent l'envie de danser peu importe l'état du sol et sa matière. Je n'ai plus peur du noir, je n'ai plus peur d'être seule. Une lanterne merveilleuse est à mon bord. Le faisceau inépuisable de l'amour de soi et de la confiance mère. Une ode à la liberté de toujours savoir revenir à bon port. Gratitude niaise et bons sentiments, parce qu'il est parfois important; de savoir se dire combien l'on se remercie de n'être finalement que soi, ici.