Le café du dimanche
Le café du dimanche c'est encore mieux que la vodka du samedi.Le café du dimanche c'est comme d'être encore au lit avec une tripotée de potes qui font les cons dans la baraque.Le café du dimanche c'est sécurisant.Ça sent la marron chaud et les feuilles jaunies, les ballades en forêt et les chaînes de vélos qui déraillent.Ça sent le retour au chaud les joues roses et les pieds qui sèchent devant le feu.Mon café du dimanche c'est vous parler de mes brûlures, de mes failles et des amertumes dans lesquelles je croque la semaine;rentrer le dimanche et oublier un peu. Mon café c'est regarder des heures les photos qui trainent, que je connais par coeur et qui m'échappent déjà pourtant.C'est fouiller dans le vieux meuble à cassettes et y trouver mes trésors d'enfant.Les couleurs sont passées mais je m'en fous, l'essentiel c'est le souvenir et ce à quoi cela renvoie.Aux costumes de crépon et aux kermesses de l'école, aux roues dans le sable et aux bonbons qui collent.Aux grilles de l'école qu'il fallait sauter car on était à la bourre, et ça tous les jours.On était pas les mieux sappés, et on avait jamais les super goûters, les kinder bueno nous on connaissait pas, pas par manque de fric, non ,juste car on s'en tapait.Je me faisais taper toutes mes billes à force de les donner, et je jouais au foot pendant la récré.Un jour il y a eu ce con qui emmerdait mon petit frère, je lui ai tapé la tête sur le béton, en passant par dèrrière.Je suis passée pour une connasse auprès de toute l'école, mais fallait pas déconner sur ce genre de choses. A cette époque encore on mangeait du chocolat pendant que nos parents sirotaient leur café le dimanche devant la télé.Puis il y a eu les dimanches d'ado, à taîner dehors qu'il neige ou qu'il vente.Les dérapages en moto et les jets de pierres, les insultes aux voisins et aux grands-mères.Ça volait pas haut nos espoirs de grands gamins, et à la campagne ya pas quinze chemins. Ensuite il y a eu les dimanches dans des villes loin, où je buvais mon café accompagnée, dans des vapeurs d'amour épicé.On pense à ceux que l'on aime, qui nous attende toujours devant la même chaîne.Et un jour on revient, les poches en valises, on pleure un peu devant une assiette froide.Les feuilles tombent sur le vélux,mais notre chambre n'a pas bougée.Les affiches de Hendrix et Joplin sont là, et l'on relit ses petits carnets de soie. le dimanche enfin on prend place, autour d'un café qui brûle les lèvres et l'on s'épanche quelques heures sur nos fièvres.On pleure, on se marre, on crie un peu, on somnole.Je suis à la maison, il fait presque noir et dehors le temps s'en moque.IL continue de filer cet enfoiré, et nous laisse le café froid entre les doigts.
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