Articles

Affichage des articles du 2019

Mariés par le soleil...

Le souvenir que j'aimerais emporter avec moi c'est celui de mes pieds dans le sable, qui dansent. Mes mains autour de tes épaules. Mon nez dans ton cou. Cet endroit que j'aime tant. La plage qui nous borde. Je crois que ce jour là, nous avons été mariés par le soleil. Il nous a regardé danser, et il est allé se coucher. Maison de vacances, été, palmiers et lauriers roses. Plancha qui fait sa sieste et bouées abandonnées au calme des heures creuses. Pompes de la  piscine qui ronronnent. Serviettes qui attendent de sécher sur les transat.  Les hommes s'étaient absentés quelques heures en envoyant un précieux message codé aux femmes de la maison "soyez prêtes pour 19 heures"  Un pique-nique sur la plage s'annonçait sans qu'on le sache. Nous les filles, assises à l'arrière de la C3, on s'était laissées guider, en robes. On avait passé une heure à "se faire belle" dans la salle de bain en ricanant, à se poser du rouge sans déb...

Combien de temps ?

Combien de temps, combien de temps encore, allons nous tenir sur la douce pente raide de nos matins solitaires? Je regarde ta peau mon amour, et comme tu sembles avoir vieilli, en un seul refrain, c'est dix années de nous qui se sont déroulées dans ces draps.  Comme ta carnation me semble tendre, tout autant qu'elle est grise.  J'aimerais te prendre dans mes bras, comme avant, comme un jour, avec l'élan des tripes et du coeur, avec des battements de feu jusqu'au bout de mes doigts. Mais l'étreinte est celle du quotidien qui vient salir tes regards, qui vient frapper ma mâchoire. Je te regarde allumer une cigarette, une de plus, pour aspirer à quoi? Aux heures plus douces et aux prisons de nuages? Je me demande ce qu'il se passe dans le fond de ta gorge, dans l'air que tu cherches. Oh mon amour, comme j'aimerais te dire toujours, encore un peu, ce serait plus simple.  On pourrait déambuler encore un peu et faire les gamins, faire râler le temps...

Je me demande...

Je me demande toujours combien ça va me coûter le bonheur. Est-ce que je vais devoir payer la note à la fin, comme lorsque je m'emballe un peu trop un soir d'hiver dans un bar avec des amis, et qu'une fois à la caisse, je constate que je n'ai pas bu deux verres de blanc, mais 6 spritz. La note n'est pas la même. Est-ce que tu crois qu'on a droit à plusieurs chances sans devoir se comporter comme un bon élève? Est-ce que le père Noël passera même si je me comporte comme une sale gosse? Je me demande souvent pourquoi j'ai tant de chance, parce que dans le fond c'est pas juste.  Pourquoi moi j'ai une si grosse part de gâteau alors que certains semblent ramasser des cailloux avec leurs mentons? Peut-être que je me sens tellement chanceuse que j'attends toujours une merde en retour, comme pour équilibrer, faire la balance. Comme ça j'ai le sentiment de ne rien devoir à personne : "hé ho, moi aussi j'ai mon lot de galères, hein !...

La vie te pète la gueule

La vie te pète la gueule jusqu'à ce que tu comprennes. Elle te dépouille, te fait les poches, jusqu'à ce que tu n'aies plus rien pour te battre ou lutter. C'est un ring sur lequel tu as peu de chance, les points liés dans le dos, avec pour seule arme ton espoir et ton courage. D'abord, elle va commencer par frapper fort pour te montrer tes addictions, tes dépendances. Ta grosse faiblesse c'est ta dépendance à l'autre, à son affection, à son regard. Le besoin d'être aimé avant de s'aimer soi. Le besoin de sentir que tu comptes, que tu comptes vraiment pour quelqu'un, que tu as de la valeur, et même mieux, que tu es digne d'amour. Si on m'aime c'est sûrement que je peux penser que je le mérite alors. Le besoin d'être regardé, d'être écouté et validé dans ce que tu es.  Tu vas vivre des épisodes charmants de rencontres, des expériences humaines sincères, qui vont te plaire, te séduire et même te faire souffrir et qui pourtant ...

Le club des divorcés

Le club des divorcés se réuni le dimanche soir. Le plus souvent c'est chez Greg. Il a une grande maison en plein centre ville avec une cour ombragée par les façades de ses voisins et il y a ce superbe jardin suspendu juste en face. Celui du dentiste le plus réputé de la région. Ses volets sont toujours fermés et les plantes ont un peu soif, mais ça donne une impression de jungle urbaine et on peut profiter de la vue. On est là, autour d'une table en plastique, à siroter de la heineken tiède et à se raconter les frasques du week-end. On se raconte, on se charie, on balance des dossiers, on fait le tour de la petite communauté de notre ville pour tailler des shorts à certains et en rire trop fort. On écoute les derniers morceaux de rock indé, fenêtres ouvertes, son à fond. Et on oublie presque que c'est dimanche, on oublie presque les 40, on oublie presque...Merde, les gamins voulaient manger des knackis...Il est 22heures, c'est l'heure où les parents indignes comm...

Ici

La lumière que je porte en moi est le seul guide vaillant qui ne s'essoufflera jamais.  Je peux suivre pas à pas, écho après écho, les quelques notes laissées en indices devant mes pieds. Chaque ordonnance est une chance que m'envoie mon âme, chaque image une piste à suivre. Les couleurs qui me composent m'ont donné tant de joie et d'exaltation que je les aime au plus profond. Des plus sombres aux plus vierges. Elle me protègent et me donnent l'envie de danser peu importe l'état du sol et sa matière. Je n'ai plus peur du noir, je n'ai plus peur d'être seule. Une lanterne merveilleuse est à mon bord. Le faisceau inépuisable de l'amour de soi et de la confiance mère. Une ode à la liberté de toujours savoir revenir à bon port. Gratitude niaise et bons sentiments, parce qu'il est parfois important; de savoir se dire combien l'on se remercie de n'être finalement que soi, ici.

Apnée...

Il suffit parfois d'une apnée. L'arrêt du coeur provoqué par l'incroyable. Un instant essoufflé, où le corps lévite, comme nu dans un bassin, le dos qui tire vers la surface, et les battements de son sang qui tapent dans la gorge. Quelques toutes petites secondes pour tout perdre. Et parfois pour tout gagner. Il y avait eu ce coup de téléphone, de ceux qu'on aurait préféré ne jamais avoir. Quelques mots. Et déjà trop pour le cerveau abattu qui était glacé par son intuition. Le sentiment soudain que le lien était coupé, la connexion suspendue entre deux êtres, et que la relation était amputée subitement par une décision arbitraire de la vie. Une aspiration de l'univers, un kidnapping de la réalité d'amour de deux personnes. Une effraction dans le vivant.  A l'air dans ta gorge, à ta première respiration j'ai su.  Que rien ne serait plus comme avant, que la vie basculait. Et que toutes les putains de certitudes qui nous servent de lit n'avaient...

Les fleurs...

Elles sont nombreuses les fleurs sur ton corps, qui parcourent la nuit comme un rayon de sable. Je longe la ligne de tes hanches et c'est tout un désert que manifestent les innombrables nuances dorées de ta peau. La beauté porte un prénom ce soir.

Le voyage solitaire...

Traverser les dunes au petit matin pour se couper le souffle. Prendre des trains. Monter des marches, encore et encore. Rire. Boire, beaucoup. Puis se bercer comme un enfant pour s'en consoler. Inventer un nouveau monde sur son canapé.  Construire des cabanes sous la table de la cuisine. S'y cacher pour y lire les soirs de chagrin. Ecrire des histoires. Changer de sac à main. Relire des livres et être touchée, inévitablement. Se cajoler en famille, en se disant que ça n'aurait pas pû être autrement. Gribouiller des papiers. Avoir des amis comme béquilles. Passer son temps vide en terrasse. Appeler le serveur par son prénom. Toucher sa guitare. Puis faire quelques notes.  Parler. Raconter encore. Aux autres, à ceux qui veulent bien écouter. Se baigner dans l'eau glacée d'une station balnéaire hors-saison.  Crier. Désherber. Planter. Clouer. Poncer. Repeindre les meubles. Refaire du café. Embrasser. Baiser à s'en faire mal. Et recommencer. En...

Une fraction de seconde...

Il y a toujours un fantôme de toi quelque part. Je marche le long de la plage, sur la promenade bétonnée. Le soleil est fort et le vent coupé par les villas. Cela fait bien longtemps que ton image ne m'a pas été évoquée. Les années passent et tu disparais petit à petit, tes détails deviennent flous. Et c'est très bien sans doute. Pourtant, je croise du bord du regard une silhouette au loin qui pourrait être toi. Le hasard t'aurait posé là par erreur, ce serait une impossibilité de la vie que de me retrouver dans le même espace que toi. Alors mon regard se détourne aussi vite qu'il s'est posé sur cette apparition imaginaire. Je fais demi tour, arrivée au bout de la jetée. J'ai maintenant la mer sur ma gauche et le soleil dans les yeux. L'homme lointain s'est rapproché quand j'ai tourné, et ses gestes m'ont semblé familiers. J'entends bientôt ses pas derrière moi, la distance se fait plus courte entre nous. J'ai un souffle dans la nu...

Mauzac

Le premier émoi du coeur c'est notre arrivée sur le petit chemin calcaire qui mène jusqu'aux marais. C'est la première émotion, après des heures de route. Le panneau indicateur de la fin du voyage, et du début du week-end. La maison est logée au creux des herbes folles, c'est la dernière du hameau. Elle se mérite, on ne la trouve pas sans connaître les alentours. La seconde étape de délectation c'est sortir de la voiture et ouvrir le vieux portail vert, écorché par le soleil et le vent, qui fait front sous le chêne centenaire. Celui qui a l'honneur de faire ça, c'est mon père. Après tout, c'est chez lui, et je crois surtout que c'est sa façon de se libérer de tout le poids de la vie quotidienne. Passer ce portail. Tout laisser hier. Je le regarde faire et c'est toujours émouvant, parce qu'on dirait un cadeau qu'il reçoit chaque fois avec respect. Il détache le cadenas religieusement, soulève l'encoche plantée dans la terre, pousse ...

Il faut laisser aller le passé

« Il faut laisser aller le passé » a t-il dit. Bon, très bien. A première vue ça a l’air simple. Ça me donne envie d’essayer en tout cas. Je suis dans cette boutique qui vend des cailloux de toutes les couleurs. Les cailloux qui font du bien. Ceux pour l’ancrage, ceux pour les migraines, les maux de dos, la protection des ondes maléfiques etc Et maintenant que le vendeur a lancé cette réplique j’ai le cerveau qui capote. J’ai les neurones qui se dispersent et la vue un peu floue, je crois que j’essaie d’entrevoir ce que ça pourrait bien faire de me couper de mes souvenirs ; quelle version de soi on peut bien être sans le fardeau des années et les images qui nous définissent au travers de nos petites lunettes intérieures ? Quand il a lancé cette phrase, j’ai d’abord pensé qu’il fallait être sacrément naze pour sortir des banalités pareilles à la première venue qui se paie du quartz pour calmer son lumbago. Je ne me suis pas sentie visée, il n’avait ...

"Papa est fatigué"

Il y a ce souvenir mal aisant de l’enfance qui est remonté cette semaine. Par les tuyaux déviés de l’histoire des autres, je me retrouve souvent face à la mienne. Les échanges les plus délicats pour moi sont ceux qui traitent de l’alcoolisme. Discussion intime autour d'un thé, confidence noyée dans l'eau bouillante. J'ai souvent envie de prendre la porte ou de sauter par la fenêtre quand on pénètre ce sujet douloureux.  Je m'oblige à faire mine de ne pas être touchée, tout en étant compatissante pour que la personne devant moi se sente accueillie et comprise. Je me dis souvent qu’on doit penser que je n’ai aucune idée de ce que peut être ce traumatisme. Celui d'avoir grandi près d'un parent ivre.  C’est comme une ironie secrète.  Un jeu avec moi même.  On pense toujours que les autres ne peuvent pas comprendre... et pourtant. Moi des parents ivres j'en avais deux. Ils se sont perdus en cascade. D'abord l'un, puis lentement, l'a...

Ces dimanches avec les enfants des autres...

Tu les connais j'imagine ces dimanches avec les enfants des autres. Parfois c'est en famille que ça se passe, parfois avec tes amis, à bien y regarder c'est un peu la même chose. Tu apportes le déssert, ou même, tu passes juste prendre le café. Ils sont tous là, affairés tandis que pour toi c'est ton jour de repos. Tu aimerais bien discuter de choses sensibles mais tu es toujours interrompue par un biberon régurgité ou une nappe tirée sur un coin par Arthur qui a trois ans et qui vient de faire voler le sucrier. Il fait beau, et c'est agréable d'être là, sur la terrasse ou dans le jardin. Tu es avec tes cousines, et ça embaume les souvenirs d'enfance, toutes les farandoles et les comptines qu'on partageait petites.  Mais aujourd'hui tu chantes pour la génération d'après. On allonge la plus petite dans un grand lange sur l'herbe, et avec ma cousine on tient chacune deux bouts, on soulève et ça fait un hamac surprise pour la petite. On la ...

La mécanique des corps...

Il faut que ça aille vite.Qu'il ne parle pas trop. Qu'on ne remarque pas un rire bête, des ongles noircis ou des mots déplacés. Il faut juste que la mécanique entre en scène, avec ses rouages à la con et ses phrases récurrentes. Je te sers un autre verre? Aucune tendresse au bout des doigts, simplement des gestes rapides, sûrs,appuyés. Des mains comme guidées et parfaitement en rythme dans une chorégraphie nauséabonde, celle dans laquelle on trompe la solitude. C'est pas mal, ça a parfois un goût de déja vu, ça te ferait même penser un peu à de vieux amours. On s'embrasse, on se tient, on se plaque. Tout ce qui te reste de ça, c'est une envie d'ouvrir la fenêtre, de virer tes draps et de passer une demi heure sous de la flotte à 45 degrés. Et puis il y a lui. Lui, il ne touche pas. Il regarde, il entend. Il regarde encore.Il agit par mimétisme. Tu fais un pas, il en fait un à son tour, de la même façon,de la même distance.Il ne va pas trop loin, ne te brusqu...

Reconnaissance

Je saisis pour la première fois ce qu’est la reconnaissance. Connaître une seconde fois sa vie. Faire de nouveau connaissance avec ses souvenirs, avec ce que l’on possède. Je suis reconnaissante, je re-contacte les choses qui m’entourent avec conscience. Je reconnais leur valeur et leur présence. J’entends, j’écoute. J’accueille et je regarde. Je reconnais avoir de la chance, je reconnais exister, je respire, je vibre et j’évolue dans un univers magique et inconditionnel. J’ai évolué avec mes connaissances, mes acquis, toutes ces choses que l’on apprend. Toutes ces choses sans valeur si elles ne sont pas vécues avec toute mon attention, mon intention et mon cœur. Je reconnais, c’est revoir mes connaissances avec le fond de mon âme… Merci aux milles lieux qu’ont foulé mes pieds, merci aux milles lieues que j’ai parcouru cette année. Merci à l’immensité d’être soi. Merci au soleil qui chaque jour décide de se lever.