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Affichage des articles du 2012

Les lions

Je pensais qu'on était des lions. Je pensais que t'étais pas comme tous les autres, qui font comme s'ils étaient eux et qui se cachent sous des bonnets ridicules. Je pensais que t'étais fort, et bien assis sur ton trône. Je pensais que t'étais un lion, de ceux qui font des choix et ouvrent leur gueule. De ceux qui laissent le choix et assument d'être seuls. Je pensais que t'étais un lion qui se laisserait pas mettre en cage. Qui me planterait là, un jour, pour sauter de rivage. J'ai bien reçu dans le dos l'empreinte de tes griffes, mais les marques sur ma peau ne sont dues qu'à mes prises de risque. J'ai cru qu'on était des lions et qu'on serait bien plus forts, que la famine de l'amour et le doute et la peur. Que la société autour qui te dicte l'heure. Il est l'heure d'être frustré de ne pas être tout entier, homme et guerrier, aventurier et pirate, célébrité et grand coeur, homme lettré et d'honneur. ...

Qui est-ce ?

Je voudrais qu'on invente un qui est-ce. Tu sais, ce jeu qu'on avait gamines, avec des vignettes qu'on abattait. Tous ces visages qu'on plaquait face au sol. "Est ce qu'il porte une moustache ?" -Non. Clac, clac, clac, clac,clac,clac. "Est ce qu'il est roux ?" -Non Clac. (Il me semble qu'il n'y avait qu'un malheureux roux) Un "qui est-ce ?" nouvelle génération. Un truc comme un Fuck-book. Sur ce "qui est-ce?" il y aurait tout un tas de mecs improbables. D'abord, ceux rencontrés en soirées déguisées : casque de viking, oreilles de chat, collant bleu de super-héro...etc "Est ce qu'il porte un slip SUR un collant fushia?" -Oui..... "Rooohhhh putain, Marc ! J'en étais sûre !!" FASTOCHE Imaginez les meufs, un "qui est-ce?" façon tableau de chasse, un truc rien que pour nous, pour nous foutre un peu de la tronche de tous les cons qu'on s'est envoy...

Les lèvres d'Emmanuelle

Un grand appartement presque vide nous couve. Parquet en chêne, murs blancs, fenêtres qui semblent s'étirer jusqu'au ciel. Thé qui fume sur l'unique meuble de la pièce, une table. Elle allume une cigarette, toujours du bout des lèvres. Avec cette façon si spéciale, bien à elle. L'espace autour n'a pas de poids,pas de sens quand je suis avec elle. Emmanuelle. Emmanuelle est différente. Différentes de toutes celles. Toutes celles qui jouent à être une autre, toute celles qui jouent à être celles. Elle, dans un jean, avec des baskets, et une chemise d'homme,c'est une icône. Une pub Guerlain à elle seule. Sans artifices, elle déambule, se pose et puis te raconte. En face de moi, elle me regarde, et moi je ne vois qu'elle. Tous ne voient qu'elle en fait. Lèvres ourlées, charnues,lipues,juste ce qu'il faut, yeux noisette,cheveux en cascade, grain de beauté sur le bras,juste là. Teint caramel. C'est un ensemble. Un ensemble fou qui te pr...

La porte

Je te dirais bien que ça me fait du mal. Que tu me blesses à chaque fois que tu titubes. Je te dirais bien que j'ai mal de parler à un mur. Je te dirais bien que le vin te rend sourde, et moi morte. Qu'il te tue et me laisse dans le silence. Je te dirais bien, encore et encore, que je suis déçue et à vif. Je te dirais bien encore que j'ai peur que tu meurres. Que tout ça va trop loin. Que je me sens seule, et tellement en détresse. Aujourd'hui, plus rien de tout cela n'existe. Tu es juste une femme face à une autre, et qui ferme la porte devant elle. J'ai tenté de mettre le pied entre la porte et moi pour toujours voir ton visage. Mais ça aussi c'est terminé. Ferme la porte si tu le souhaites, puisque tu le souhaites si fort. Mais je ne gratterais plus comme un chien. Une femme à une femme. Plus une porte à un chien.

Reliques

J'ai entrevu le sac posé près de mon lit, et j'avais à peine la force d'y jeter mon regard, comme si j'allais tomber dedans, dans un puits sans fond et ne plus jamais remonter. Il était là, avec sa pub oncle ben's orange à deux balles sur la gueule, ses airs de plastique froissé et ce foutu statisme. Il était là ce con de sac et il ne bougeait pas. Le seul moyen pour qu'il quitte la pièce alors, était bien de lui foutre un coup de pieds dans le bide. Mais finalement, je n'en avais pas envie. Ce n'est pas que je manque de force, ou de courage, non, je n'ai juste plus de colère.Plus rien, vide total, néant silencieux. J'ai baissé les yeux, et plongé mes mains dans son ventre. Dans ce sanctuaire de mes amours perdus, dans ce reliquaire amoureux. Il y avait des morceaux de toi, plein de morceaux, du toi d'avant, de l'époque. Ni du bout des doigts, ni avec affection, j'ai déplacé chaque objet comme on égoutte une salade, avec entrain ...

F

Je ne sais pas par quoi ça passe. D'où ça vient. Pas exactement. C'est peut être le dessin de ton oreille, simple et élégant, juste là, qui vient me chercher et me rappeler. Me rappeler les images d'enfance et ces traits si justes que possèdent les enfants. Il y a quelque chose de l'enfance sur ta peau, dans ta nuque, et au bout de tes mèches. Un monde tout entier qui se déroule sans que personne ne le sache. Tu es un monde tout à toi. Entre tes tissus, tes déguisements, tes capes et tes épées, j'entrevois tout le reste. Le bout du monde et la mer qui le borde. Tu ne sais pas non, comme je lis dans le fond de ton âme. Une lecture bienveillante. Tu es entré pour ne jamais sortir, à l'endroit exact où les cartes postales de ma vie se fabriquent. Dans la chambre noire de mes amours. Ils n'ont même pas besoin d'être réalisés pour durer toujours.

tic-tac

Tic tac tic tac, c'est le bruit de mes talons sur le béton noir. C'est l'air qui me file entre les cuisses et me fait frissonner. Rue Saint Denis, joli quartier. Chantiers, rues à contourner. Endroits déserts et isolés. Tic tac tic tac, tu ne me raccompagnes pas pour gagner 5 minutes. Tic tac tic tac tu mériterais d'être en bas résilles en bas de chez moi, et d'y passer la nuit, juste pour voir. Comme on se sent con, comme on se sent vu, comme on se sent mal et presque à nu.

Jacquotte

Bistrot des halles, faïence art déco. Quelques habitués et quelques jolies tables. Nappes blanches et assiettes à l'ancienne. Ici ça sent le 1900 à plein nez et c'est comme ça qu'on se sent chez soi. Au bout de la salle, près du radiateur, sur les banquettes de cuir rouge, Jacquotte vient boire son champagne, tous les soirs ou presque. Elle est souvent avec la "mama", la mère du patron, qui doit pas avoir loin de 80 balais. Elles picolent du champagne toute la nuit et mangent une soupe aux oignons. On les appelle les mamies. Les mamies des halles. Elles sont comme tous ces chats qui traînent le soir sur le chantier. Elles font partie du quartier, et elles traînent leurs petits chaussons de velour dans les bars du coin. La dernière fois que j'avais croisé Jacquotte, c'était il y a au moins un an, au zinc d'un autre café du secteur. J'étais jeune, j'étais seule, elle était vieille, et pas bien entourée non plus. On a bu du rouge toute la nu...

Tinder

A force de piétiner les fleurs, on dirait que je n'en connais plus leur odeur. Je ne sais plus si c'est bien, si ça me tient chaud. Je me sens comédienne, jouant encore et encore la même scène. Mauvais castings, acteurs tous différents,tous plutôt pas mal,mais aucun franchement bien. Texte de série B à la con, et faux rires en fond. Ahahaha, qu'est ce qu'on se marre toi et moi. Je te donne l'impression d'être en fête, d'être si particulière, une fille chouette. Mais je joue toujours le même refrain, qu'il soit roux, blond ou brun. Moi aussi je déploie mes filets, je fais semblant, je te donne du lait. Mais je sais bien dès le début, que mes sourires sont corrompus. J'essaie tu vois bien, d'être sincère, d'être certaine. Et pourtant rien ne vient, c'est pas la peine.

6 heures du matin

Il y a toi, au fond je te connais à peine.  Et puis il y a moi, et je ne me connais pas beaucoup non plus. Alors je me laisse embarquer, en me disant que la vie est trop triste un samedi soir dans son lit. J'embarque sur un vélo dans les pentes de Belleville, avec une lourde semaine en poche et quelques bières qui tiennent chaud au ventre. J'attrape ton dos en guise de guidon, mal assise sur un porte bagage. Tu pédales,et je ne sais pas si on a quelque chose à se dire,mais je laisse faire. Salle de concert noire, presque vide, 3h du matin approche derrière ces lourdes portes de bois. Derrière elles se trouve un autre monde. Ici, il n'y a que ce présent absurde, cette parenthèse à ma vie, cette parenthèse à la tienne. Musique forte, rock envahissant. Les sons qui t’attrapent les pieds, te mettent la tête à l'envers et te secouent bien fort. Planant, planant. Encore et encore. On ne parle pas, pas besoin. On voltige chacun de notre côté. Je regarde fixement la scèn...

Encore !

Comme tu es gracieuse dans ton habit de suffisance ! Comme je t'admire d'être la reine de ton petit foyer idéal !  Illusion du bonheur au coin du feu, couture et odeurs de pins, grande maison bien taillée.  Tu es une de ces filles lessives. Celles qui pourraient présenter des publicités pour un linge propre et délicat, qui sent bon 48h, et qui te permet d'avoir des culottes fraîches plus longtemps que les autres.Toi, ta chatte, elle sent le mire-laine, et ça, vraiment, ça te rend heureuse.  Tu as un sourire bright et des papillons qui sortent de ta machine, des enfants blonds qui t'embrassent, et de beaux murs blancs. Comme je t'envie pour ta bêtise. Tous ces parpaings que tu montes autour de toi, pour t'isoler du monde qui fait peur et qui fouette le sang ! bouh ! on est mieux à l’intérieur ! Au chaud, avec plein de jolis coussins et de gadgets parisiens sur tes belles étagères campagnardes.Tu fais ta prolétaire à Leclerc,mais tu es en manque de monoprix. ...

V

T'étais jeune, t'étais frêle, t'étais blonde et rebelle. Tu m'apprenais l'interdit, à me moquer des lois,des prix. T'étais jeune et pourtant plus âgée, avec des cicatrices plein les mains. Et ta bouche, rose de sucre,me faisait toujours marrer. On avait 12 ans, rien en commun. Juste qu'on s'est croisées. T'es devenue une amie, mais comme celles qu'on choisit pas. T'étais là, puis je pouvais pas te laisser filer. Tu me faisais peur car t'étais libre, insouciante et effrontée. Parfois t'étais ma fille,que je cherchais à protéger,parfois t'étais ma sœur, ma jumelle adoptée. T'as débarqué dans notre salon, comme une timide présence,un sourire jusqu'aux oreilles et des tonnes de mots d'absence. L'école tu t'en foutais,tu jouais de tout,de rien,avec nous. Et le soir, fatiguée, on te regardait dormir comme un bébé,sur le fauteuil au coin du feu. T'étais notre merveille,notre fille-soeur qui avait eu des prob...

Les fugues

Je voudrais me cacher. Tout plaquer, ne rien dire à personne et me cacher. Enfin c'est ce que je fais d'habitude, je me planque. Là, c'est plus fort, je voudrais me barrer. La dernière cachette remonte bien à trois années en arrière. J'avais quitté Paris pour la soirée, pour assister à un concert sur Orléans. J'étais avec des amis. Je devais reprendre mon train le lendemain et retourner bosser à Montrouge, vendre des fringues de pouffe à des clientes mal aimables. Mon mec m'attendait aussi, sur le canapé sans doute, il m'attendait juste pour m'ignorer. Mes études allaient reprendre...etc C'est ce soir là que j'ai donc décidé de faire ma première fugue. J'ai fugué de ma vie. Ce n'est pas une décision à vrai dire, ça s'imposait clairement à moi. Me cacher ou tout brûler. J'ai passé la nuit chez ma meilleure amie, j'ai dormi tout contre elle. J'ai traîné en pyjama toute la matinée dans son salon, croisé ses parents, second...

La question

Je me pose souvent la question. Aux chiottes. En me lavant les dents. Devant le miroir. En serrant la main d'un client. En payant un commerçant au marché. En faisant bouillir mes légumes. En rendant visite à ma grand mère. En garant ma clio. En lisant. En discutant avec des gens sérieux. En étant sur scène. En soufflant dans mon micro. En embrassant mon père. En filant une pièce. Sur facebook. Sur twitter. Partout. Tout le temps. Suis-je une pute? Pourquoi tu dis pute? Pute je croyais que c'était un job. Et encore. On peut être pute un jour seulement? Non? Combien de km de queues avalées déterminent que je suis une pute? ou non? On peut être une ancienne pute, ou cette étiquette de merde c'est pour la vie? Vieille pute. C'est quoi une pute pour toi? Je suis ton amie. Ton amie femme.Tu parles souvent de putes. De toutes ces putes que tu croises. Je pourrais ne pas être ton amie. Serai-je alors une de ces putes ? Serions-nous amis?

le vernis

Je me suis dit "merde, il vieillit". Ça a commencé comme une maladie, il y a quelques mois.  D'abord, il ne voulait pas de sapin pour noël, soit disant ça fout des épines partout dans la maison, et après faut le cramer, c'est crevant. Avant, il allait de bon matin un samedi acheter le plus gros, le plus grand, et le plus touffu, pour le mettre en plein milieu du salon et faire rire les gamins. Il prenait celui qui allait devoir courber la cime pour tenir debout, celui qu'on pourrait décorer seulement avec un escabeau. Il gardait les sapins de noël jusqu'au mois d'avril, et il appelait ça le sapin de Pâques. On avait toujours un sapin dans la maison ou quelques guirlandes aux fenêtres, été comme hiver, et on aimait ça.   Après, il y a eu "plus belle la vie". Je crois que ce truc c'est fatidique. Tu sais que t'es en phase terminale quand tu regardes ce truc. Lui, avec ses insomnies, c'est jour et nuit. Il a même un casque pour écouter...

Les cigales

Allée de lauriers roses, cri-cri des cigales dehors.  Le soleil tape le pare-brise, et j'ai la main par la fenêtre. L'air chaud me file entre les doigts, et la fumée de camel s'échappe en vitesse.  On roule, on revient de la plage, on y va peut être. Peu importe.  Il y a de la musique, ma main qui bat le rythme sur ma cuisse, et toutes ces images bleues hivernales qu'on traîne derrière nous. On pourrait presque entendre nos casseroles de souvenirs, traînées par le pare-choc arrière. Mais on s'en fout. On vient de survivre à une année de plus (de moins?).  On écoute que nous et nos blagues vaseuses.On roule, on roule, et on pourrait rouler tout l'été, je m'en fous, on est ensemble, et ça c'est cool. Pas cool comme un cadeau qu'on attendait pas, non cool comme un cadeau qu'on attend trop. Tu me fais danser. Tu me fais avancer. Tu me pousses. Et j'ai les jambes qui ondulent et les mains au ciel.On passe des heures à nous oublier au creux...

Carnivore

Tu dévastes tout. T'as les idées qui circulent mal et des courts circuits dans le cœur, t'es tordu, mal foutu sous ton joli petit blazer. J'ai peine, j'ai haine, j'ai rage et douleur. Pour toi, pour tout ce vide que tu sèmes, cette route devant toi. Il y a des poules et des bras sous tes draps, qui clament l'amour et la joie, et tu resserres tes pinces d'acier. T'es un étau à toi tout seul. Tu serres, tu serres et tu brises. T'as la tronche d'un dandy bien éduqué, et les poches lourdes. Lourdes de clés, des portes fermées et serrures rebouchées. Lourdes de pièces, que tu jettes dans les fontaines en espérant que ça ira mieux demain. Il ne suffit pas de lancer les choses... T'es beau comme t'es triste, t'es jeune comme t'es con, t'es intelligent comme t'es cruel. Ouais, t'es corrosif. T'as le mauvais rôle, celui du type largué qui pleure son manque de sentiments, celui du débranché qui sait pas pourquoi il ...

Pauline

Est ce que ça vous fait mal quand vous écrivez ? Moi, toujours. Je crois que c'est pour ça que je suis peintre. Car je suis incapable de poser les choses avec des lettres, de verbaliser, de coucher sur le papier. Les mots c'est trop forts, les mots c'est trop abyssal, on peut tuer avec les mots vous savez? Moi je figure, je représente, je peins des visages, des lignes, des images. C'est autre chose, c'est une histoire, ce n'en est pas une forcément non plus. Ça ne raconte que ce qu'on veut bien y voir.  Toutes ces lignes relèvent pour moi de l'abstrait.  J'ai fait 20 ans d'abstrait, alors pour moi un visage c'est une combinaison de lignes et de mouvements. Ce n'est pas nécessairement une personne, un être. C'est une mise en place de traits. Les mots eux, figent un sentiment, une volonté, une douleur. On écrit ce qu'on pense, ce qu'on veut donner, ce qu'on veut exprimer.  C'est dur, ça va droit au cœur, droit au...

Ta bite en plastique

Tu penses pouvoir me faire jouir avec ta bite en plastique? Ta bite de jeune con. T'as 20 ans et t'es pas foutu de trouver une gonzesse ou quoi? Faut que tu viennes t'en foutre plein sur les couilles entre deux joints au Pays des gaufres ? Mais franchement mec,t'as pas un peu d'estime? de dignité?d'honneur? T'as vraiment personne d'autre à aimer ou c'est juste pour faire le malin devant ta bande de motards du dimanche?  Tu penses peut être que ta queue tordue est un trophée, un truc tellement génial que ça mérite de la foutre dans le premier trou de celle que tu paieras assez cher pour accepter? Mais qu'est ce que tu crois?Je t'entends ricaner dans la rue, tes potes t'attendent, et quand tu sors de chez moi tu leur dit que t'en a une énorme. Que la pute t'as dit avec un accent à la con "ohhhh mais tou a un glo zizi toua chéli !" Tu crois vraiment que t'en as une grosse ? Je dis ça à tous mes clients pauvre idiot...

Ta gueule Sagan !

"On aime et puis on aime plus, on va pas en faire tout un plat" Sagan. Quand j'ai relu cette phrase dans la préface d'un livre bien connu, écrit par un mec sous prozac avec un menton de 6 pieds de long, j'ai frisé la crise. Sagan était une conne, qu'on lui fasse fermer sa gueule, qu'on la pende haut et court ! Oser prononcer ça, représentait pour moi le pire des sacrilèges, l'insoutenable légèreté des choses.C'était comme accepter l'inconstance des sentiments, voire l'inconsistance de ceux-ci. On me plonge dans un bain d'acide, on me force à regarder bien  droit dans les yeux mon coeur éclaté et à broyer un à un les os de la main avec laquelle j'écris. Comment pouvait elle soutenir ça? Moi j'aime , j'AIME madame, et on ne vient pas comme ça piétiner mes valeurs,mes certitudes...et mon désarroi.... Et puis finalement, le soleil revient,les choses se posent, le vide se calme, avec l'absence de toi. Plus de pluie ...

Fie

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Il y a tes cheveux qui sont comme les miens, et ta peau soleil que je regarde bouger. Tes coins,juste,là,au coin des lèvres. Tes mains frêles et des bagues qui poussent sur les pouces. Ton buste long et tes jambes qui s'étirent, tes bras de ficelle qui calment mes peines. Il y a une guirlandes de dents, qui me font me sentir drôle. Tes caprices jolis d'un vivre bien,en dedans. Et ce besoin de lumière pour t'ouvrir les yeux. Il y a des lits souvent, où l'on échange nos voix, en regardant un peu par le fenêtre. Tant de papiers que l'on lit, qu'on rédige, et puis qu'on abandonne, au fond d'un meuble noir. Des livres en pile. Tes baskets grises,tes baskets rouges,tes baskets toi. Des colliers qu'on voudrait acheter mais qu'on ne mettra pas. Il y a tout ce rituel : petits pains, petits couteaux,petits beurres. Tu joues à la dinette. La vie est en plastique, et l'on fait la marchande de sentiments et de questions. Tu vends tes sentim...

La veilleuse

Besoin de toucher les autres, de faire connaissance par la peau. Pour vraiment apprécier quelqu'un et me sentir liée à lui, j'ai besoin de contact, comme pour saluer sa peau. J'adorais pratiquer le théâtre, car on apprenait à rencontrer l'autre avec le corps. Avec autre chose que "Salut, tu fais quoi dans la vie?". On est tous habitués à débiter des questions à la con, dans des soirées à la con, avec des invités à la con. On se perd dans des approches banales et ô combien chiantes au final. Tout le monde n'aime pas le contact, bien sûr, mais je trouve ça dommage, car nos corps parlent bien plus que nos esprits parfois. On le remarque sexuellement par exemple. Parfois, faire l'amour, même avec un inconnu, c'est fou. C'est comme découvrir le monde, la peau, la jouissance. Ça n'a aucun sens tellement c'est étrangement dévastateur,ça nous retourne tous les sens. Et bien, à quoi ça tient ça? Cette alchimie complètement aléatoire ? Je croi...

Matrix

Ma vie c'est Matrix. Notre vie c'est Matrix. Des corps gluants avec des tuyaux dans la nuque. J'étais à la piscine hier. Déjà grande aventure que d'aller à la piscine ! Total look filet de porc, mal moulée dans un maillot trop petit, seins compressés qui cherchent de l'air, et bonnet so sexy sur la gueule. Enfin le bonnet, faut réussir à le mettre hein ! Le bonnet est une de mes grandes phobies dans la vie. Quand j'étais petite, je crois que je passais des semaines entières sur les bancs, au bord du bassin, à regarder mes petits camarades se baigner. La super sortie piscine de l'école, c'était pas pour moi, et mes cheveux à la marocaine. Tous les bonnets de bains me claquaient sur la tronche, et la maîtresse, à court de talc et de patience, me demandait d'aller remettre mes vêtements dans les vestiaires. Et, ô, grande joie, j'avais le droit de regarder les autres s'amuser....Génial. Bref, les bonnets, c'est pas mes potes. Donc, j...

Elle

Elle est entrée dans ma vie par la grande porte, celle qu'on claque fort. Entrée en scène magistrale, trompettes et verre brisé! Paaaaf, elle est là. Il y a du clown dans ses gestes, vifs et grands, dans ses yeux qui plissent et ses mains qui parlent pour elle. 1m60 de jus, électrique et bondissant. Des mains qui peignent les autres. Des tableaux immenses, des visages de deux mètre, et cette petite femme sur son échelle de pompier, qui peint presque au plafond. C'est du Chaplin, un petit bonhomme en salopette, casquette de Gavroche. Inépuisable comique, gestes,attitude,rythme. Elle vous fait du cinéma, celui de la vie, quand elle raconte les années d'artiste au Canada et les périples autour du Monde. Le Brésil, le Japon, les Etats Unis, l'Inde, le Maroc, l'Italie...Elle a des valises dans la tête, trois pantalons et une paire de baskets. Tout ce qui lui appartenait a terminé sur un trottoir de Montréal. Elle se casse, vide l'appartement. Servez vous, il y e...

Ikea

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C'est fou comme l'on peut s'habituer à deux visages, deux pour une seule personne. Avoir un être instable près de soi devient une certaine stabilité parfois. J'ai peur des personnes stables, toujours au poil avec leurs humeurs, qui sont réguliers, réglés. J'ai une trouille monstre du calme, de la constance. Pour moi ça cache toujours autre chose, alors j'attends, en apnée que l'orage gronde, que j'en prenne plein la gueule. Mais non, certaines personnes sont justes apaisées, sereines. Et il va falloir composer avec. Très bien. Pas de vomi verbal à digérer, pas de baffes dans la tronche, pas de secousses, pas d'adrénaline. On ne peut pas s'imaginer comme une pub ikea peut faire flipper. Donnez moi des murs blancs, des tapis crème, une belle bibliothèque et un chat qui ronronne sur un canapé anthracite pour que j'ai envie de mourir. Je ne peux pas vivre dans une pub, avec ce joli sourire affiché de demoiselle bien dans sa vie qui lit un ...

J'oublie tout...

J'ai pensé des heures, des jours, des nuits, des matins, des soirs, des semaines, des mois, des toi, des moi...J'ai tout retourné encore et encore,j'ai questionné, cherché, crié.... Et finalement, il me reste des vagues. Des vagues d'ombre et de lumière. J'aimerais expliquer. Ce que je vois, ce que je sens, ce que je comprends. Pourtant rien ne sort. Il me reste des bribes, des lambeaux de souvenirs que ma tête finira pas condamner. J'oublie tout, tout le temps, je suis incapable de me souvenir... avec qui j'étais, ce jour de soleil, pour déguster cette tarte framboise-pistache, place de l'Hotel de Ville. Il faisait beau, j'étais heureuse je crois. C'était il y a quelques mois seulement, et je ne sais plus....je cherche depuis des jours. Pas de visage à côté de moi...Tout m'échappe, comme une putain de vieille dame assise sur un banc qui ne sait pas ce qu'elle fout là.... Alors j'oublierai sûrement tout ça, tout ce morceau de...

Sac à dos

On fait tous avec nos guerres,nos anciennes batailles,nos coeurs effrontés et nos doigts cassés. Il y a des choses dont on se remet mal, comme la pousse d'un arbre contrarié par un obstacle. Comme une oeuvre de Pennone, une main d'acier qui serre le coeur de l'arbre, et celui-ci qui pousse autour,comme il peut. Je trouve ça atrocement poétique, affreusement beau. C'est la condition humaine dans son essence. La souffrance, la remise en question, et puis l'abandon....et la souffrance encore...Cette valse lente et circulaire des émotions, des souvenirs,des douces tortures qui nous ont fait plier,prendre des détours,choisir. Je ne saurai jamais si je fais les bons choix,si ce que je laisse sur la route est à regretter,si j'avance trop loin ou non. Je le fais simplement poussée par tout le flot de cauchemars qui s'entasse derrière. Toute cette mélasse qui vous colle aux bask', vous remonte parfois aux genoux et vous suit où que vous alliez.On marche tous av...

Je suis une baignoire vide.

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Foie malade

Je monte dans le métro, je reste debout. Dans les couloirs noirs des entre-deux stations je vois mon reflet dans les vitres. Ce n'est pas tout à fait précis, pas vraiment flou non plus. C'est juste assez fidèle à la réalité pour que je constate les poches que j'ai sous les yeux. C'est le matin. Et le matin, j'ai l'impression d'avoir le visage de ma mère. Bouffi,sinueux,marqué,gris. Je n'ai pas toujours eu cette mine plombée,mais d'autant que je me souvienne,ça fait quand même quelques années que l'alcool de la vie marque ses lignes. Pas de lignes franches,pas de marques nettes,juste un masque instable,qui se pointe parfois,pour me rappeler qu'un jour,j'aurai la gueule d'une soularde. Je monte dans le métro,chaque jour,et d'un seul regard je détecte les foies malades. Je détecte à 20 mètres les alcolos,poivrots,imbibés et autres buveurs du soir. Même les non-moi-je-bois-juste-deux-verres-de-vin-chaque-soir. Je le sens,je le voi...

A good man

Il y a ce truc si fort. Cette sensation si cruelle dans l'abandon. Ça t'embarque,ça te fait danser malgré toi, tourbillon qui te désarme, puis te fout à poil, et te laisse là, sur un trottoir glissant de la ville. Tu l'a rencontrée dans un parc, elle était belle,avec des yeux verts qu'on ne pourrait même pas inventer. Elle était douce,drôle,et certainement pas comme les autres.Tu décides alors que c'est elle. Tu donnes,tu donnes,encore un peu. Tu enchaînes les jobs à la con, tu trouves enfin LE job bien payé, même si c'est 50 heures par semaine. Celui qui te permettra de lui acheter ses robes de créateur, de payer le loyer du nouvel appart dans le 13ème,d'assumer sa fille, et d'envisager de faire un enfant, un à toi,à vous. Ce serait un bon début,ça te plairait, vraiment. Elle veut se marier,ok, c'est accepté. Tu l'épouses, tu fais même venir tout ta famille de l'autre bout du monde. C'est un gros projet. C'est festif, c'est b...

Là où j'habite

C'est toujours comme ça avec eux. Entre la Guerre et l'amour. Pas de répit, de phases de paix. Non, il faut toujours que ça crie, que ça chiale,ou que ça pleure de rire. Je rentre chez mes parents, espérant trouver un refuge. J'y trouve des tranchées, des marées hautes et basses. Il y a toujours un lit chaud et un tas d'intentions.Alors j'y crois, ça donne envie de revenir. On vous attend toujours sur un parking de gare, même au milieu de la nuit. Peu importe si vous soyez mal lunée ou tranchante, peu importe, l'amour est là. Mais il y a toujours les verbes qui bavent,les paroles maladroites,les bouteilles qui s'écoulent et les rires gras et tristement désabusés de fin de soirée. Il y a toujours de l'alcool pour vous rappeler qu'ici, c'est elle qui maîtrise les choses. C'est elle qui tient ceux que vous aimez,comme des pantins. Vous avez une place, une petite place, mais c'est la bouteille qui décide du reste. Du bon déroulement ou n...

Celle

Tu vois, c'est marrant car je constate que je ne suis plus la même. Celle de l'avant toi à repris sa place. Projets artistiques en tout genre,dessus de lit fleuri et objets kitch. Bonnes bouffes,  et vin à flot. C'est drôle car cette personne je la connais peu au fond,elle m'avait côtoyé toutes ces années, mais elle restait au fond, comme une semelle discrète qui plâtre l'estomac. C'est celle qui faisait vivre mes rêves et naître mes doutes.La fille qui aime la campagne, mais s'emmerde un peu quand même dans cette maison froide.Celle qui voudrait aller boire des bière plus souvent avec ses potes, et se goinfrer de théâtre.Celle que Paris ne désabuse pas tant que ça au fond.Celle qui paie 4 euros pour bouffer du pain dégueulasse. La bitch voleuse de bouches, les pompes léopard et les mains électriques. Elle était là, tapant du pied toutes ces années,à attendre que j'arrête d'y croire pour reprendre sa place,se faufiler comme une petite salope. Aujou...